Version
Voici un texte de Lysias :
Lysias raconte ce que fut l'attitude des Trente, en 404, à l'égard des métèques.
Οὑμὸς1 πατὴρ Κέφαλος ἐπείσθη μὲν ὑπὸ Περικλέους εἰς ταύτην τὴν γῆν ἀφικέσθαι, ἔτη δὲ τριάκοντα ᾤκησε, καὶ οὐδενὶ πώποτε οὔτε ἡμεῖς οὔτε ἐκεῖνος δίκην οὔτε ἐδικασάμεθα οὔτε ἐφύγομεν, ἀλλ' οὕτως ᾠκοῦμεν δημοκρατούμενοι ὥστε μήτε εἰς τοὺς ἄλλους ἐξαμαρτάνειν μήτε ὑπὸ τῶν ἄλλων ἀδικεῖσθαι.
Ἐπειδὴ δ' οἱ τριάκοντα πονηροὶ μὲν καὶ συκοφάνται ὄντες εἰς τὴν ἀρχὴν κατέστησαν, φάσκοντες χρῆναι τῶν ἀδίκων καθαρὰν ποιῆσαι τὴν πόλιν καὶ τοὺς λοιποὺς πολίτας ἐπ' ἀρετὴν καὶ δικαιοσύνην τραπέσθαι, τοιαῦτα λέγοντες οὐ τοιαῦτα ποιεῖν ἐτόλμων, ὡς ἐγὼ περὶ τῶν ἐμαυτοῦ πρῶτον εἰπὼν καὶ περὶ τῶν ὑμετέρων ἀναμνῆσαι πειράσομαι.
Lorsque les Trente, méchants et sycophantes, arrivèrent au pouvoir, prétendant qu'il fallait purger la cité des hommes injustes et tourner le reste des citoyens vers la vertu et la justice, tenant de tels propos, ils osaient ne pas se comporter d'une telle manière, comme je vais essayer de vous le rappeler, en parlant d'abord de mon propre cas et ensuite du vôtre.
Θέογνις γὰρ καὶ Πείσων ἔλεγον ἐν τοῖς τριάκοντα περὶ τῶν μετοίκων, ὡς εἶέν2 τινες τῇ πολιτείᾳ ἀχθόμενοι· καλλίστην οὖν εἶναι πρόφασιν τιμωρεῖσθαι μὲν δοκεῖν, τῷ δ' ἔργῳ χρηματίζεσθαι· πάντως δὲ τὴν μὲν πόλιν πένεσθαι, τὴν δ' ἀρχὴν δεῖσθαι χρημάτων. Καὶ τοὺς ἀκούοντας οὐ χαλεπῶς ἔπειθον· ἀποκτιννύναι μὲν γὰρ ἀνθρώπους περὶ οὐδενὸς ἡγοῦντο, λαμβάνειν δὲ χρήματα περὶ πολλοῦ ἐποιοῦντο. Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς δέκα συλλαβεῖν, τούτων δὲ δύο πένητας [...]
"Contre Ératosthène", § 4-7.
Notes :
1. Οὑμὸς : crase pour Ὁ ἐμός
2. εἶεν : optatif du verbe être ; traduire par "étaient".
Écoutez attentivement la lecture du texte :
Question
Traduisez le texte ci-dessus, (1er et 3ème § en gras, le 2ème étant traduit) en utilisant le vocabulaire connu, et les outils à votre disposition.
Indice
§ 1 :
ἐπείσθη : 3ème personne du singulier, aoriste passif de πείθω ;
ᾤκησε : aoriste actif, 3ème personne du singulier de οἰκέω-ῶ ; ὠκοῦμεν : même verbe à l'imparfait, 1ère pers. du pl.
ὥστε + infinitif (ici : μήτε ἐξαμαρτάνειν... μήτε ἀδικεῖσθαι.)
§ 3 :
Le verbe ἔλεγον introduit une série d'infinitifs : εἶναι, πένεσθαι, δεῖσθαι. En revanche, "τιμωρεῖσθαι δοκεῖν" (avoir l'air de punir) et χρηματίζεσθαι (s'enrichir) dépendent de "καλλίστην πρόφασιν εἶναι" (c'était un superbe prétexte).
ἀποκτίννυναι = ἀποκτείνειν
ἔδοξεν αὐτοῖς : il leur sembla bon (+ infinitif)
Solution
Mon père Képhalos fut persuadé par Périclès de venir sur cette terre, et il y habita trente ans, et ni lui ni nous n'avons jamais poursuivi quiconque en justice, ni été poursuivis par quiconque, mais nous avons vécu en démocratie, de manière à ne nuire à personne, et à ne pas subir d'injustice de la part d'autrui. Lorsque les Trente, méchants et sycophantes, arrivèrent au pouvoir, prétendant qu'il fallait purger la cité des hommes injustes et tourner le reste des citoyens vers la vertu et la justice, tenant de tels propos, ils osaient ne pas se comporter d'une telle manière, comme je vais essayer de vous le rappeler, en parlant d'abord de mon propre cas et ensuite du vôtre.
Théognis et Pison disaient devant les Trente, au sujet des métèques, que certains étaient hostiles à la constitution ; c'était, disait- il, le plus beau prétexte pour avoir l'air de punir, mais en réalité pour s'enrichir. La cité était tout à fait pauvre, et le pouvoir avait besoin d'argent. Et ils convainquaient sans difficulté les auditeurs ; car tuer des hommes ne leur importait en rien, prendre de l'argent comptait pour beaucoup. Il leur sembla bon d'en arrêter dix, parmi lesquels deux pauvres...
Complément :
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