Une progression lente de la parité en politique

Si, comme nous l'avons vu, en 1944 les françaises deviennent électrices et éligibles, les premières incursions des françaises dans la vie politique institutionnelle sont lentes, bien qu'en 1936 le gouvernement de Léon Blum ait nommé, au poste de sous-secrétaire d'État, trois femmes (voir l'illustration) qui ne pouvaient ni voter ni être élues !

Le journal La Française
Le journal La Française, « Journal d'information et d'action féminines », publie les nominations au poste de sous-secrétaire d'État par Léon Blum en 1936 de Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvig (page du journal La Française reproduite avec l'aimable autorisation de Christine Bard).

En effet, elles ne sont au total que 7 femmes à avoir connu l'expérience du gouvernement entre 1946 et 1974, dont une seule en tant que ministre : Germaine Poinso-Chapuis, ministre du 24 novembre 1947 au 19 juillet 1948. Il n'y a pas de femme au gouvernement entre 1936 et 1946 et, parmi les 11 premiers gouvernements de la Ve République, il en est 4 sans aucune femme. En mai 1968, le pouvoir exécutif est à 100 % masculin.

La parité a fait son apparition dans les esprits en 1992 et dans la loi en 2000.

Le 6 juin 2000 la première loi dite sur « la parité » est promulguée au Journal officiel. Cette loi contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d'hommes et de femmes lors des scrutins de liste et prévoit une retenue sur la dotation financière des partis qui ne respecteront pas le principe de parité lors de la désignation des candidat·es pour les élections législatives.

Devant les difficultés à réaliser réellement la parité en politique, des modifications de la loi sont intervenues de façon plus contraignante pour les partis politiques :

• La loi du 17 mai 2013 introduit notamment l'obligation de présenter un binôme paritaire pour les élections départementales.

• La loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes renforce significativement la retenue opérée sur l'aide publique attribuée aux partis qui ne respectent pas la parité lors des élections législatives.

Mais les mentalités évoluent peu : en 2022, Elisabeth Borne est nommée Première ministre française (son mandat durera 1 an et 8 mois), devenant la deuxième femme à occuper ce poste, après Edith Cresson (dont le mandat ne dura que 10 mois en 1991-1992).