Auteur : Jorge Semprún
Écouter Jorge Semprún exprimer tout l'amour que lui inspire la langue française dans cette vidéo de 1985 de l'INA.
Jorge Semprún Maura, né le 10 décembre 1923 à Madrid (Espagne) et mort le 7 juin 2011 à Paris, est un écrivain, scénariste et homme politique espagnol dont l'œuvre littéraire est rédigée, pour l'essentiel, en français.
Pendant la guerre civile espagnole, la famille vit d'abord aux Pays-Bas (où le père, diplomate, représente la République espagnole), puis en France. Le jeune Jorge y fait ses études ; il obtient son baccalauréat, puis continue des études de philosophie à la Sorbonne. Il entre dans la Résistance, dans les rangs des FTP-MOI, et adhère au Parti communiste espagnol en 1942. Mais en septembre 1943, il est arrêté par la Gestapo, et déporté au camp de Buchenwald. Le camp est évacué en avril 1945 ; Semprun rentre alors à Paris. Le retour à la vie civile est difficile ; durant de nombreuses années, il ne pourra écrire sur les camps de concentration. De 1945 à 1962, il coordonne la résistance communiste au régime de Franco, faisant plusieurs longs séjours en Espagne sous différents pseudonymes, notamment celui de "Federico Sánchez". Il est exclu du Parti communiste espagnol en 1964 ; en France, il participe à la création des éditions Champs libres. De 1988 à 1991, il occupe le poste de ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González. Jorge Semprún est l'auteur de nombreux romans, souvent à dominante auto-biographique ; son livre, "Le Mort qu'il faut" (2001), retrace sa terrible expérience dans le camp de Buchenwald, entre 1943 et 1945.
Complément : Pour en savoir plus
Biographie
Jorge Semprún est né à Madrid, dans une famille de la grande bourgeoisie espagnole, catholique et républicaine modérée. De 1937 à 1939, le père, diplomate, représente son pays aux Pays-Bas. Après la guerre d'Espagne et la défaite des Républicains, la famille s'installe définitivement en France. Jorge termine ses études secondaires au lycée Henri-IV, à Paris, puis commence des études de philosophie à la Sorbonne.
Il participe à la Résistance dans les rangs des FTP-MOI, et adhère au Parti communiste espagnol en 1942.
En septembre 1943, Jorge Semprún est arrêté par la Gestapo à Joigny et, après un séjour à la prison d'Auxerre, déporté au camp de concentration de Buchenwald. Peu avant l'arrivée des troupes américaines du général Patton, il participe au soulèvement des déportés. Le camp est libéré le 11 avril 1945 ; Jorge Semprún est évacué le 26 et est de retour à Paris à la fin du mois.
Le retour à la vie civile est très difficile : durant plusieurs années, il sera dans l'incapacité d'écrire et de témoigner sur son expérience de la déportation. Membre actif du PCE, il milite tout en travaillant, principalement comme traducteur à l'UNESCO. En 1952, il devient permanent du parti affecté au travail clandestin en Espagne. De 1953 à 1962, il coordonne la résistance communiste au régime de Franco, faisant plusieurs longs séjours en Espagne sous différents pseudonymes, notamment celui de « Federico Sánchez ». Il est plus particulièrement chargé des relations avec les milieux intellectuels.
Mais, à partir de 1962, Carillo devient secrétaire général du PCE et entre en conflit avec Jorge Semprun, qui est exclu du parti en 1964. À partir de ce moment, il se consacre principalement à l'écriture. Il obtient (non sans difficulté) un passeport qui lui permet de circuler entre la France et l'Espagne, où il continue de résider.
De 1988 à 1991, Jorge Semprún est ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González.
Bibliographie
Œuvres littéraires
Le Grand Voyage, 1963 (prix Formentor ; prix littéraire de la Résistance)
L'Évanouissement, 1967
La Deuxième Mort de Ramón Mercader, 1969 (prix Femina)
Autobiografía de Federico Sánchez (Autobiographie de Federico Sánchez), 1976 - (prix Planeta 1977)
Quel beau dimanche, 1980
L'Algarabie, 1981
Montand la vie continue, Denoël, 1983
La Montagne blanche, 1986
Netchaïev est de retour, 1987
Federico Sánchez vous salue bien, 1993
L'Écriture ou la Vie, 1994 - (prix Femina Vacaresco)
Mal et Modernité, 1995
Se taire est impossible, avec Elie Wiesel, 1995
Adieu, vive clarté, 1998
Le Retour de Carola Neher et le Manteau d'Arlequin, 1998
Le Mort qu'il faut, éditions Gallimard, 2001 - (prix Jean Monnet 2001)
Les Sandales, Mercure de France, 2002
Veinte años y un día (Vingt ans et un jour), 2003
L'Homme européen, avec Dominique de Villepin, collection Tempus, Perrin, 2006
Où va la gauche ?, Flammarion, 2008
Une tombe au creux des nuages. Essais sur l'Europe d'hier et d'aujourd'hui, collection Climats, Flammarion, 2010
Exercices de survie, Gallimard, 2012
Le langage est ma patrie, Éditions Buchet/Chastel, 2013
Ouvrages collectifs
Collectif, Une morale de résistance : Husseri, Bloch, Orwell, Jorge Semprun, Bibliothèque nationale de France, 10/2002
Grandeur et modestie de l'engagement, Jorge Semprun, Éditions Descartes et Cie, 11/2005
De l'exil à l'oubli : Camps de réfugiés espagnols en France (1936-1939), Jorge Semprun, Éditions Hugo et Compagnie, 02/2006
Picasso : L'homme aux mille masques, Jorge Semprun, Maria Teresa Ocaña, Jean-Paul Barbier-Mueller, Pierre Daix, Éditions Somogy, 05/2006
Espagnol : Collège / Lycée, Jorge Semprun, Annie Bertrand, Malika Cessac, Andrée Paul, Éditions De La Cite, 08/2004
Chroniques d'ailleurs, Paul Steinberg, Jorge Semprun, Éditions Ramsay, 01/2007
Article
« Léon Blum et le oui à l'Europe », Jorge Semprun, Le Nouvel Observateur, article du 31 mars 2005 en pages 40–42 « L'indicible, c'est ce qu'on ne peut pas taire », Jorge Semprun et Alexandre Lacroix, Philo Éditions, avril 2006 « El frentismo todavía lastra a España », Jorge Semprun et Lluis Amiguet, Société maubeugeoise d'édition, 18/04/2007
Œuvre cinématographique
Jorge Semprún a également été le scénariste de nombreux films :
1966 : Objectif 500 millions de Pierre Schoendoerffer
1966 : La Guerre est finie d'Alain Resnais
1969 : Z de Costa-Gavras
1970 : L'Aveu de Costa-Gavras
1972 : L'Attentat d'Yves Boisset
1974 : Les Deux mémoires (scénario et réalisation)
1974 : Stavisky d'Alain Resnais
1975 : Section spéciale de Costa-Gavras
1976 : Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre
1978 : Les Routes du sud de Joseph Losey
1986 : Les Trottoirs de Saturne de Hugo Santiago
1995 : L'Affaire Dreyfus d'Yves Boisset (TV)
1997 : K d'Alexandre Arcady
2010 : Ah, c'était ça la vie ! de Franck Apprederis (Téléfilm)
2011 : Le Temps du silence de Franck Apprederis (Téléfilm)