Texte d'étude et traduction

Les hommes de main de Verrès s'attaquent à un temple

Buste en marbre de Marcus Tullius Cicéron, musée du Capitole, Rome.Informations[1]

Collectionneur compulsif, Verrès ne se contente pas de s'attaquer à des particuliers ; il s'attaque également aux temples, et tente de s'emparer de la statue du dieu Chrysas, à Assorum.

Chrysas est amnis qui per Assorinorum agros fluit; is apud illos habetur deus et religione maxima colitur. Fanum eius est in agro, propter ipsam uiam qua Assoro itur1 Hennam ; in eo Chrysae simulacrum est praeclare factum e marmore. Quod iste2 poscere Assorinos propter singularem eius fani religionem non ausus est ; Tlepolemo dat et Hieroni negotium. Illi noctu facta manu3 armataque ueniunt, fores aedis effringunt ; aeditumi custodesque mature sentiunt ; signum quod erat notum uicinitati bucina datur ; homines ex agris concurrunt ; eicitur fugaturque Tlepolemus, neque quicquam ex fano Chrysae praeter unum perparuulum signum ex aere desideratum est.

Cicéron, De Signis, XLIV, 96.

Éclaircissements linguistiques

  1. itur : passif impersonnel du verbe eo,is, ire ; traduire par "on va". Le passif impersonnel consiste à mettre au passif, 3ème personne du singulier, un verbe qui normalement n'a pas de passif, pour traduire le "on".

  2. iste : désigne (péjorativement) Verrès : on peut traduire par "cet individu", ou, dans le cadre d'un procès, "l'accusé".

  3. manus, -us peut signifier "la main", mais aussi "la troupe" (on dit aussi, en français, "une poignée d'hommes") ; facta manu armataque est un ablatif absolu, que l'on peut traduire par "une troupe ayant été constituée et armée".

Traduction

Le Chrysas est un fleuve qui coule à travers les champs d'Assorum ; celui-ci, chez eux, est considéré comme un dieu et il est honoré avec la plus grande dévotion. Son sanctuaire se trouve dans un champ, près de la route même par laquelle on va d'Assorum à Henna ; à l'intérieur, il y a une statue de Chrysas remarquablement faite en marbre. Celle-ci, notre triste sire n'osa pas la réclamer aux Assoriniens à cause du caractère sacré exceptionnel de ce sanctuaire ; il confie l'affaire à Tlépolème et Hiéron. Ceux-ci, de nuit, ayant constitué et armé une petite troupe arrivent, brisent les portes du temple ; les surveillants et les gardiens s'en aperçoivent à temps ; un signal qui était connu du voisinage est donné à la trompette ; les hommes accourent des champs ; Tlépolème est chassé et mis en fuite ; et l'on n'eut à déplorer aucune perte dans le sanctuaire de Chrysas, excepté une seule toute petite statue de bronze.

Complément

Pour en savoir plus sur Cicéron.

Sur le De Signis, premier discours des "Verrines", ou discours contre Verrès.