Auteur : Léopold Sedar Senghor

Interview de Léopold Sedar Senghor (3:01)Informations[1]

Interview du 15 mars 1976 où Léopold Sedar Senghor explique comment de la revendication de la négritude il en est venu à réfléchir sur le miracle grec, miracle du métissage culturel et a substitué à la négritude ghetto, la négritude enracinement mais ouverture. Il définit ce qu'est la France.

Léopold Sédar Senghor, né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal, et mort le 20 décembre 2001 à Verson, en France, est un poète, écrivain, homme politique français, puis sénégalais et premier président de la République du Sénégal (1960-1980) après avoir été ministre en France avant l'indépendance de son pays ; il fut aussi le premier Africain à siéger à l'Académie française.

Sa poésie, est fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences. Par ailleurs, il approfondit le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire qui la définit ainsi : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. »

Son recueil, "Chants d'ombre", est paru aux éditions du Seuil en 1945.

Pour en savoir plus sur Léopold Sedar Senghor, consulter lles compléments ci-dessous, ainsi que la notice que lui a consacrée l'Académie française.

ComplémentPour en savoir plus

Biographie (1906-2001)

Léopold Sédar Senghor naît le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville côtière située au sud de Dakar, Sénégal, dans une famille de la noblesse Sérère, et catholique.

Senghor commence ses études à Dakar. Passionné de littérature française, il réussit le baccalauréat, notamment grâce au français et au latin.

Senghor arrive à Paris en 1928. Il étudie en classes préparatoires littéraires au lycée Louis-le-Grand où il côtoie Paul Guth, Henri Queffélec, Robert Verdier et Georges Pompidou, avec qui il se lie d'amitié. Il y rencontre également Aimé Césaire pour la toute première fois. Il obtient en 1931 une licence de lettres.

Il commence sa carrière de professeur de lettres classiques au lycée Descartes à Tours, puis est muté, en octobre 1938, au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne.

En 1939, Senghor est enrôlé comme fantassin de 2e classe dans un régiment d'infanterie coloniale. Le 20 juin 1940, il est arrêté et fait prisonnier par les Allemands à La Charité-sur-Loire. Il est interné dans divers camps de prisonniers avant d'être libéré en 1942, pour cause de maladie. . Il reprend ses activités d'enseignant et participe à la résistance dans le cadre du Front national universitaire. après la guerre, il adhère au Parti Communiste. Il reprend la chaire de linguistique à l'École nationale de la France d'outre-mer qu'il occupera jusqu'à l'indépendance du Sénégal en 1960.

Il est élu député de la circonscription Sénégal-Mauritanie à l'Assemblée nationale française où les colonies viennent d'obtenir le droit d'être représentées. Il fonde avec Mamadou Dia le Bloc démocratique sénégalais (1948), qui remporta les élections législatives de 1951.

Réélu député en 1951 comme indépendant d'Outre-mer, il est secrétaire d'État à la présidence du Conseil dans le gouvernement Edgar Faure du 1er mars 1955 au 1er février 1956, devient maire de Thiès au Sénégal en novembre 1956 puis ministre conseiller du gouvernement Michel Debré, du 23 juillet 1959 au 19 mai 1961. Il fut aussi membre de la commission chargée d'élaborer la constitution de la Cinquième République, conseiller général du Sénégal, membre du Grand Conseil de l'Afrique occidentale française et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

Senghor fait paraître en 1964 le premier d'une série de cinq volumes intitulée Liberté. Ce sont des recueils de discours, allocutions, essais et préfaces.

Fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendants, il décide de former, avec Modibo Keïta, l'éphémère fédération du Mali avec l'ancien Soudan français (l'actuel Mali). La fédération du Mali est constituée en janvier 1959 et regroupe le Sénégal, le Soudan français, le Dahomey (l'actuel Bénin) et la Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso). Un mois après, le Dahomey et la Haute-Volta quittent la fédération refusant sa ratification. Les dissensions internes provoquent l'éclatement de la fédération du Mali. Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance et le 22 septembre, Modibo Keïta proclame l'indépendance de la République soudanaise qui devient la République du Mali.

Senghor est élu premier président de la toute nouvelle République du Sénégal, le 5 septembre 1960 à l'unanimité de l'Assemblée fédérale. Il est l'auteur de l'hymne national sénégalais, "le Lion rouge".

Au sommet de cette jeune république parlementaire bicéphale (de type quatrième République), le Président du Conseil, Mamadou Dia, est chargé de la mise en place du plan de développement à long terme du Sénégal tandis que le Président de la République, Senghor, est chargé des relations internationales. Les deux hommes entrent rapidement en conflit.

En décembre 1962, éclate un violent conflit entre Léopold Sedar Senghor et Mamadou Dia ; ce dernier est arrêté avec ses partisans, et condamné à 20 ans d'emprisonnement dans un procès pour le moins expéditif.

À la suite de cet événement, Senghor instaure un régime présidentiel autoritaire (seul son parti, l'UPS, est autorisé). Le 22 mars 1967 Senghor échappe à un attentat, le coupable est condamné à mort. Ils seront cependant graciés, suite à la pression internationale, en 1974, et libérés en 1976.

En mai et juin 1968, les étudiants de l'université de Dakar présentent leurs revendications et se mettent en grève. Cette révolte soutenue par la population s'étend à tous les secteurs et ébranle le régime. Senghor fuit sa capitale et doit appeler l'armée française à son secours. Senghor doit cependant accéder à certaines revendications comme celle d'avoir un Premier ministre.

Senghor démissionne de la présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en décembre 1980.

Sous la présidence de Senghor, le Sénégal a supprimé puis réinstauré le multipartisme en 1976 , mais a mis en place un système éducatif performant. Senghor est souvent reconnu pour être un démocrate, néanmoins, il a réprimé violemment ses opposants. Son bilan politique est donc ambivalent.

Malade, il se retire à Verson, en Normandie, où il décède le 20 décembre 2001.

Un des fondateurs de la Francophonie

Il soutient la création de la Francophonie et fut le vice-président du Haut-Conseil de la Francophonie.

Il théorise un idéal de francophonie universelle qui serait respectueuse des identités et imagine même une collaboration avec les autres langues latines.

Il est considéré, avec Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) et Norodom Sihanouk (Cambodge), comme l'un des pères fondateurs de la Francophonie. En 1971, Sedar Senghor devient le parrain de la Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme et de la négritude à Champagney dans la Haute-Saône, ville qui fut la seule à écrire un cahier de doléance pour l'abolition de l'esclavage.

Après avoir été désigné Prince des poètes en 1978, il est élu à l'Académie française le 2 juin 1983, . Il est le premier Africain à siéger à l'Académie française.

Bibliographie

Poèmes

  • Chants d'ombre, Le Seuil, 1945

  • "Départ", Édition Poèmes perdus , 1964

  • Hosties noires,Le Seuil, 1948

  • Éthiopiques, Le Seuil, 1956

  • Nocturnes, Le Seuil, 1961

  • Lettres d'hivernage, Le Seuil, 1973

  • Chant pour Jackie Thomson, 1973

  • Élégies majeures, Le Seuil, 1979

  • Guélowar ou prince, Le Seuil, 1948

  • Le Lion rouge (hymne national sénégalais)

  • Poèmes divers, Le Seuil, 1990

  • Hosties noires (regroupe Prière de paix et Élégie pour Martin Luther King), lithographies de Nicolas Alquin, Les Bibliophiles de France, 2006

Essais

  • Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, précédée de Orphée noir par Jean-Paul Sartre, PUF, 1948

  • Liberté 1 : Négritude et humanisme, discours, conférences, Le Seuil, 1964

  • Liberté 2 : Nation et voie africaine du socialisme, discours, conférences, Le Seuil, 1971

  • Liberté 3 : Négritude et civilisation de l'Universel, discours, conférences, Le Seuil, 1977.

  • Liberté 4 : Socialisme et planification, discours, conférences, Le Seuil, 1983

  • Liberté 5 : Le Dialogue des cultures, Le Seuil, 1992

  • La Poésie de l'action, dialogue, Stock, 1980

  • Ce que je crois : Négritude, francité, et civilisation de l'universel, Grasset, 1988

Littérature de jeunesse

  • La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre (en collaboration), Hachette, 1953.