Les degrés de l'hypothèse

Les systèmes conditionnels varient selon le degré de probabilité de la condition énoncée, de la pseudo-condition exprimant en réalité une répétition ou un état de fait, à l'irréel dans le passé, exprimant le plus haut degré de doute quant à la possible réalisation de la condition.

Le tableau suivant permettra d'avoir une idée de ces différents degrés.

Protase (subordonnée)

Apodose (principale)

1. Condition supposée réalisée

Indicatif présent ou imparfait

S'il fait beau

S'il faisait beau

Indicatif présent ou imparfait

je me promène

je me promenais

2. Éventuel

Indicatif présent

S'il fait beau demain

Indicatif futur

j'irai me promener

3. Potentiel ou irréel du présent

Indicatif imparfait

S'il faisait beau demain

S'il faisait beau aujourd'hui

Conditionnel présent

j'irais me promener

j'irais me promener

4. Irréel du passé

Indicatif plus-que-parfait ou passé antérieur

S'il avait fait beau

S'il eut fait beau

Conditionnel passé, 1ère ou 2ème forme

je serais allé me promener

je fusse allé me promener

  1. La condition supposée réalisée est en fait une "fausse hypothétique" ; elle exprime non une vraie condition, mais une répétition, dans le présent ou le passé.

    On pourrait en effet substituer à "si" la conjonction "quand" ou la locution conjonctive "chaque fois que".

    "S'il fait beau, je vais me promener" est synonyme de "quand il fait beau, chaque fois qu'il fait beau, je vais me promener".

    C'est le seul cas où le système conditionnel n'est pas dissymétrique : on trouve l'indicatif, présent ou imparfait, dans les deux propositions.

  2. L'éventuel se caractérise par une dissymétrie : la protase est au présent de l'indicatif, l'apodose au futur.

    On peut trouver aussi, dans la protase, un passé composé indiquant un résultat, un procès achevé : "S'il a fini ses travaux la semaine prochaine, il pourra emménager dans la maison."

    Ici, le passé composé n'indique pas un temps du passé, mais un aspect du verbe : l'accompli.

  3. Le français, à la différence du latin ou du grec ancien, ne fait pas la différence, morphologiquement parlant, entre le potentiel, qui porte sur l'avenir, et conserve donc une possibilité de réalisation, et l'irréel du présent, qui porte sur le moment actuel, et constate que la condition n'est pas remplie.

    Dans les deux cas, la protase est à l'imparfait de l'indicatif, et l'apodose au conditionnel présent.

    C'est donc au lecteur, ou à l'auditeur, d'interpréter, en s'appuyant sur des indices autres que la morphologie (par exemple, la présence d'adverbes situant le procès dans le présent ou le futur, comme "maintenant, aujourd'hui, demain, bientôt"...), d'une datation, ou simplement le contexte.

  4. L'irréel du passé, lui, ignore le doute : il porte sur le passé, aussi bien en ce qui concerne la protase (la condition n'a pas été remplie autrefois) que l'apodose, elle aussi située dans le passé. Les temps de la protase sont le plus-que-parfait ou le passé antérieur, et ceux de l'apodose le conditionnel passé.