Texte d'étude et traduction
Le combat des Horaces et des Curiaces (Florus)
Excipit1 Pompilium Numam Tullus Hostilius, cui2 in honorem uirtutis regnum ultro datum3. Hic omnem militarem disciplinam artemque bellandi condidit4. Itaque mirum in modum5 exercita iuuentute, prouocare ausus6 Albanos, grauem et diu principem populum. Sed, cum pari robore frequentibus proeliis utrique comminuerentur, misso in compendium bello, Horatiis Curiatiisque, trigeminis hinc atque inde7 fratribus, utriusque populi fata permissa sunt. Anceps et pulchra contentio, exituque ipso mirabilis. Tribus quippe illinc uulneratis, hinc8 duobus occisis, qui supererat Horatius, addito ad uirtutem dolo, ut distraheret hostem, simulat fugam, singulosque, prout sequi poterant, adortus exsuperat. Sic (rarum alias decus) unius manu parta uictoria est : quam ille mox parricidio foedauit. Flentem spolia circa se sponsi quidem, sed hostis, sororem uiderat : hunc tam immaturum amorem uirginis ultus est ferro. Citauere9 leges nefas10 : sed abstulit uirtus parricidam, et facinus infra gloriam fuit.
Florus, "Abrégé de l'Histoire romaine", I, 3.
Écoutez la lecture du texte :
Éclaircissements linguistiques
Excipit : ici le verbe signifie "succéder à" (+ Acc.).
cui : pronom relatif au dati. "À qui".
datum : il faut sous-entendre "est".
condidit : voir fiche de vocabulaire de la séquence 3.
mirum in modum = in mirum modum. Très souvent, la préposition vient s'intercaler entre l'épithète et le nom.
ausus : il faut sous-entendre "est". Ce verbe est un semi-déponent : au perfectum, il garde un sens actif, mais a des formes passives ; on traduira donc par "il osa".
Hinc atque inde : mot à mot "d'ici et de là-bas" ; c'est-à-dire "de chacun des deux camps".
illinc... hinc : mêmes adverbes de lieu que dans la note 5 : "hinc" désigne l'origine la plus proche, c'est-à-dire le camp romain ; "illinc" la plus éloignée, le camp albain.
citauere : autre forme pour citauerunt, indicatif parfait, 3ème pers. du pl.
nefas : nom indéclinable, indiquant ce qui n'est pas "fas", c'est-à-dire permis par les dieux. Ici, il est à l'accusatif, COD de citauere.
Traduction
À Numa Pompilius succéda Tullus Hostilius, à qui l'on donna spontanément le trône pour honorer sa valeur. Il fonda toute la discipline militaire et l'art de la guerre. Lorsqu'il eut admirablement exercé la jeunesse, il osa provoquer les Albains, peuple redoutable, et longtemps au premier rang. Mais comme, leurs forces étant égales, les deux nations s'affaiblissaient dans de fréquents combats, pour abréger la guerre, les destinées des deux peuples furent confiées aux Horaces et aux Curiaces, trois frères dans chacun des deux camps. Belle mais incertaine fut la lutte, et remarquable par son issue même. Alors que, d'un côté, les trois combattants étaient blessés, et que de l'autre, deux avaient été tués, l'Horace survivant, ajoutant la ruse au courage, pour diviser l'ennemi, fait semblant de prendre la fuite; et attaquant ses poursuivants à mesure qu'ils le suivaient, il les terrasse l'un après l'autre. Ainsi, (gloire rare ailleurs) par la main d'un seul homme la victoire fut acquise ; mais il la souilla bientôt par un parricide. Il avait vu sa sœur pleurer auprès de lui sur les dépouilles de son fiancé, certes, mais d'un ennemi : il punit par le fer l'amour hors de propos de la jeune fille. Les lois réclamèrent le châtiment du coupable ; mais la valeur fit oublier le parricide, et le crime fut moins important que la gloire.
Complément :
Pour en savoir plus sur la légende des Horaces et des Curiaces :
Tite-Live, "Ab Urbe condita", Livre II ;
Corneille, "Horace" (1640).