Les emplois du passé simple
Une perception globale du procès
Dans une phrase comme "Louis XIV régna seul durant cinquante-quatre ans.", le procès est perçu de manière globale ; il est clairement défini dans le temps, et situé dans le passé.
Il est donc faux de dire, comme on le lit parfois, que le passé simple exprime un "fait ponctuel, sans durée" ; en réalité, il peut exprimer une durée, et même fort longue ; simplement celle-ci est perçue comme enfermée dans des limites.
C'est toute la différence entre ces deux phrases :
"Julien lisait sans cesse." : le procès n'est pas limité dans le temps.
"Julien lut ce roman et l'apprécia." : le procès est considéré comme limité dans le temps, coupé par une limite temporelle du présent de l'énonciation.
Par sa délimitation, le passé simple est particulièrement apte à rapporter des faits passés, coupés du présent de l'énonciateur. C'est par excellence le temps du récit.
Un temps de la langue écrite
Le passé simple tend à n'être plus qu'un temps réservé à la langue écrite, et à un registre relativement soutenu.
Dans la langue orale et l'expression courante, il est généralement remplacé par le passé composé.
Un temps quasi défectif
Le passé simple a pratiquement disparu à certaines personnes :
la 2ème personne du singulier ("tu fus") ;
la 2ème personne du pluriel ("vous fûtes").
Cela peut s'expliquer par le fait que la 2ème personne est celle de l'interlocuteur, réservée donc (à l'exception remarquable de la "Modification" de Michel Butor, roman entièrement écrit à la 2ème personne du pluriel) au dialogue - c'est-à-dire à la langue orale.