Le sujet
Définition :
Le sujet forme avec le verbe un groupe indissociable ; c'est lui qui détermine la "personne" du verbe. A eux deux ils forment une "phrase minimale" et le noyau de la proposition.
Étudions cela à partir du texte d'Assia Djebar.
En français, le sujet d'un verbe est toujours exprimé, sauf à l'impératif. Quand il ne s'agit pas d'un nom, il est remplacé par un pronom. Ce n'est pas le cas du grec ni du latin, où la désinence du verbe suffit à indiquer le sujet.
Dans les langues à flexion, comme le grec, le latin, l'allemand... pour les verbes conjugués, le sujet est généralement au nominatif - c'est à dire que sa forme contribue à indiquer sa fonction : ὁ ἄνθρωπος τρέχει, uir currit, l'homme court. La terminaison de ἄνθρωπος et de uir indique que ces mots sont au nominatif singulier.
Rien de tel en français : il faut donc déduire du sens même du verbe, et de sa forme (3ème pers. du singulier) quel est le sujet. La place des mots peut y contribuer, mais elle n'est pas un critère absolu : le sujet est généralement placé devant le verbe ("l'homme court") sauf dans les interrogatives (où court le chat ?), et parfois ailleurs, comme dans ce vers d'Apollinaire :
« Vienne la nuit, sonne l'heure... »
Quand vous devez analyser une phrase, commencez toujours par souligner les verbes et déterminer quel est leur sujet. Le bon vieux truc de l'école primaire, "qui agit ? qui fait ?" peut vous être utile...
La nature du sujet
Le sujet d'un verbe est le plus souvent un groupe nominal (GN), ou son substitut, un pronom.
Mais bien d'autres mots peuvent occuper cette fonction :
Un infinitif : "se tromper est humain".
Une proposition relative : "qui vole un œuf vole un bœuf".
Une proposition complétive : "qu'il gagne la guerre serait désastreux pour la civilisation".
Sujet réel et sujet apparent
Après certaines tournures impersonnelles, comme "il faut", "il vint", "il était une fois", "il y a...", dans lesquelles le "il" est sémantiquement vide, on trouve un "sujet réel" ou "sujet logique" – qu'il ne faut surtout pas confondre avec un COD !
On trouve aussi cette formule lorsque le sujet est inversé : "il vient un moment où..." = "un moment vient"
L'accord sujet-verbe
Lorsque le sujet est unique (qu'il soit au singulier ou au pluriel), cela ne pose aucun problème : le verbe s'accorde avec lui. Exemple : le chat ronronne / les chats ronronnent.
Lorsqu'il y a plusieurs sujets, de nombre différent ou non, l'accord se fait au pluriel. Exemple : la chatte et ses chatons ronronnent / le chien et le chat jouent.
La règle est la même lorsqu'il s'agit de pronoms, mais la première personne prend le pas sur la seconde : vous et moi sommes d'accord, toi et moi allons nous promener.
Attention : Une faute d'accord très fréquente
Le verbe s'accorde avec le sujet, c'est-à-dire avec le nom dominant du GN (et non pas avec le nom le plus proche !).
Dans cette phrase relevée dans le journal "Var Matin", le 14 juillet 2015 :
« Depuis 48 h, dans la rade, une équipe d'artificiers préparent les quelque 10 000 projectiles qui vont illuminer, ce soir, le ciel toulonnais »
l'accord a été fait avec le mot "artificiers", qui n'est pourtant pas sujet ; celui-ci étant le mot "équipe" . Il aurait donc fallu accorder ainsi : "une équipe d'artificiers prépare..."
L'accord du participe passé avec le sujet
Seul le participe en situation d'attribut s'accorde en genre avec le sujet : c'est à dire, concrètement, dans les verbes au passif, ou les constructions avec le verbe être.
Exemple :
Dans le texte d'Assia Djebar, on relève deux exemples d'accord d'un participe passé avec le sujet :
j'ai été élevée : verbe au passif s'accordant, en genre et en nombre, avec le sujet féminin singulier ;
langue... qui est devenue : verbe d'état dont le passé composé se forme à l'aide du verbe "être".
Attention : Ne pas confondre...
Dans l'expression « Qui m'a façonnée, »
le participe passé s'accorde avec le COD, parce que celui-ci, un pronom, est antéposé.
Nous reverrons cette règle dans la séquence 33.