Les emplois de l'optatif
L'optatif dans les indépendantes (1) : l'optatif de souhait
C'est le sens premier de l'optatif. Le grec emploie l'optatif présent (durée, permanence) ou aoriste (fait ponctuel), précédé ou non de εἴθε ou de εἰ γὰρ. La négation est μή.
Εἴθε μὴ εἴης δυστυχής : puisses-tu ne pas être malheureux (en général)
Καί σε φυλάττοι Ζεὺς Ἀγοραῖος : et que Zeus Agoraios te protège
Εἴθε μὴ γένοιο δυστυχής : puisses-tu ne pas être malheureux (en ce moment)
Πράξειας κατὰ νοῦν τὸν ἐμόν : puisses-tu réussir selon mon cœur
L'optatif dans les indépendantes (2) : le potentiel
Là où nous employons le conditionnel présent pour exprimer une possibilité, le grec emploie l'optatif, présent ou aoriste avec ἄν, pour exprimer une action que l'on pense voir se réaliser dans l'avenir, ou une affirmation atténuée :
Βουλοίμην ἂν λέγειν : je voudrais parler (affirmation atténuée)
L'optatif et la subordination (1) : les conditionnelles
Nous retrouvons ici le sens "potentiel" de l'optatif. Dans les conditionnelles, le potentiel s'exprime par optatif + ἄν dans la principale, et l'optatif sans ἄν dans la subordonnée.
Σὺ δ'οὐκ ἂν οἷος τ'εἴης λέγειν, εἰ μή τίς σοι ἀποκρίνοιτο ; Toi, tu ne serais pas capable de parler, si personne ne te répondait ?
Εἰ ἔλθοις, χαίροιμι ἄν. Si tu venais, je serais content(e).
L'optatif et la subordination (2) : la répétition dans le passé
Pour exprimer la répétition d'un fait dans le passé, on utilise, dans la subordonnée, l'optatif présent ou aoriste ; dans la principale, l'imparfait ou l'aoriste indicatif précédé (ou suivi) de ἄν.
Εἰ (ὅτε) μὴ διψῴη1, Σωκράτης οὐκ ἂν ἔπινεν : s'il n'avait pas soif, Socrate ne buvait pas.
Note 1 : διψάω-ῶ : avoir soif. Songez aux Dipsodes chez Rabelais !
NB : nous avons vu, dans la séquence 17, l'expression de la répétition dans le présent : révisez-la.
L'optatif et la subordination (3) : l'optatif oblique
L'optatif est devenu, dans la prose attique, le mode par excellence de la subordination ; il a tendance à se substituer à l'indicatif ou au subjonctif d'une proposition subordonnée, quand le verbe principal est à un temps secondaire (imparfait, aoriste). Il est alors employé sans ἂν. Le temps de l'optatif est celui du verbe qu'il remplace.
Propositions complétives :
à la place de l'indicatif ou du subjonctif, dans les propositions introduites par ὅτι, ὡς, ὅπως, μή.
à la place de l'indicatif ou du subjonctif délibératif, dans les interrogatives indirectes.
Propositions circonstancielles et relatives :
à la place de l'indicatif, dans les propositions causales ;
à la place du subjonctif, dans les propositions finales :
ἠργάζετο ἵνα εὖ πράττοι : il travaillait pour réussir.
à la place du subjonctif présent ou aoriste avec ἄν, dans les subordonnées conditionnelles, temporelles ou relatives, ou à l'intérieur d'un discours indirect.
ἔλεγον, ὅτε Κῦρος ἔλθοι, μαχεῖσθαι. Ils disaient que, lorsque Cyrus serait arrivé, ils allaient combattre.
Remarque :
C'est essentiellement dans l'optatif oblique que l'on emploie l'optatif futur, pour traduire un futur dans un contexte passé.
λέγω ὅτι ταῦτα ποιήσω - je dis que je ferai cela.
ἔλεγον ὅτι ταῦτα ποιήσοιμι - je disais que je ferais cela.