Les fonctions de la subordonnée conjonctive dépendantes du verbe
La fonction COD
La fonction la plus courante des subordonnées conjonctives est la fonction COD, dépendant de verbes transitifs directs.
Dans le texte de S. Mukasonga, 2 des 6 exemples de conjonctives sont COD :
« que ça va remplacer la pilule »
: COD du verbe "tu crois"« que tu peux faire de grandes études »
: COD du verbe "ils décideront"
La fonction COI
Dans le texte de S. Mukasonga, 3 des 6 exemples de conjonctives sont COI :
« que, pour la première fois, tu te rendais compte »
: complément de "j'ai eu l'impression" ; on peut considérer que la subordonnée est l'extension du nom "impression" ; mais "avoir l'impression que" est une expression lexicalisée, synonyme de "s'apercevoir que".« que tu retrouvais soudain [...] la condescendance amusée »
: même analyse, puisque cette subordonnée est coordonnée à la précédente.« que la fille avec laquelle tu allais faire l'amour était noire »
: la conjonctive "que la fille... était noire" complète "tu te rendais compte" ; or "se rendre compte" se construit avec la préposition "de" : on se rend compte de quelque chose. La pronominalisation se fait en "en" : "tu t'en rendais compte". Elle est donc COI.
On pourrait penser à des COD, puisque "que" se construit directement ; mais si l'on transforme la subordonnée en substantif, on voit que la construction est celle d'un COI introduit par "de" : "J'ai eu l'impression de..." comme "je me suis aperçue de..."
« que tu le seras »
: COI de "je compte bien" : dans ce sens, ce verbe n'est pas transitif direct, mais se construit à l'aide de la préposition "sur" : "je compte sur toi", "j'y compte bien".
La fonction sujet
Le tour est assez rare, et un peu précieux ; on le trouve par exemple dans des phrases comme :
"Qu'il ait réussi son examen ne saurait nous étonner, tant il travaillait bien en classe", dans laquelle la conjonctive "Qu'il ait réussi son examen" est sujet du verbe "saurait".
Le sujet "réel" ou "logique"
On trouve ce type de fonction après des verbes impersonnels, comme "il faut", "il est naturel", "il importe"...
Nous l'avons vu ci-dessus, la fonction sujet "pure" est peu naturelle : un énoncé comme "que tu travailles est nécessaire" n'est pas absolument incorrect, mais quasi inusité. Le sujet a donc été postposé, et comme un verbe ne saurait se passer de sujet, un sujet "fantôme" ou "apparent", sémantiquement vide, est venu remplir ce qui était senti comme un vide :
"que tu travailles est nécessaire ==> *est nécessaire que tu travailles ==>il est nécessaire que tu travailles.
L'attribut du sujet
Ce tour est relativement rare ; on le trouve dans des phrases comme :
la vérité est qu'il a échoué
L'essentiel est qu'il fasse des efforts.