La place des femmes sur l'internet et les réseaux sociaux, le cybersexisme

Différence d'utilisation

En 2023, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie un rapport inédit, intitulé La Femme Invisible dans le numérique : le cercle vicieux du sexisme, et formule des propositions pour mettre un terme aux inégalités de genre.

A partir de l’analyse des 100 contenus les plus vus sur YouTube, TikTok et Instagram, le HCE affirme que :

  • sur Instagram, 68 % des contenus propagent des stéréotypes de genre, 27 % contiennent des propos à caractère sexuel et 22 % des propos à caractère sexiste ;

  • sur YouTube, 24 % des contenus contiennent des éléments de violence et seulement 8 % des vidéos sont faites par des femmes ;

  • sur TikTok, 61 % des vidéos présentent des comportements stéréotypés masculins et 43 % des séquences d’humour et divertissement contiennent des représentations dégradantes des femmes.

Les réseaux sociaux participent au triple processus d’invisibilisation des femmes, de reproduction des stéréotypes de genre et de diffusion de la violence symbolique et physique envers les femmes. Cela pose la question cruciale de la responsabilité des plateformes dans la perpétuation des inégalités et de la violence en ligne.

Dans un rapport de 2021 de La Fondation des Femmes et SciencesPo sur la représentation des femmes dans les vidéos les plus vues sur Youtube, Numérique : le sexisme en liberté, on note que :

  • les hommes demeurent globalement surreprésentés par rapport aux femmes ;

  • les représentations demeurent éminemment stéréotypées, avec des corps féminins objectifiés et sexualisés ;

  • les rapports femmes-hommes sont dominés par la séduction, la présence de violences.

Visuel de la campagne 2019 du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports : UNE PHOTO C'EST PERSO, LA PARTAGER C'EST HARCELER

Sexisme

Malheureusement, la communication par l'internet et les réseaux sociaux permet de s'affranchir des codes et règles habituels de tout échange avec autrui : anonymat, pseudos. Elle donne l'illusion que tout est permis, y compris la violence des mots et des images. Les réseaux sociaux, sans réel contrôle, véhiculent ainsi des stéréotypes sexués et sexistes. Des propos discriminatoires contre les filles et les femmes, misogynes, des incitations à la haine et à la violence, circulent à grande vitesse sur la Toile, sans que leurs auteurs/trices se sentent responsabilisé·es.

Trois principaux dangers sexistes existent sur internet et les réseaux sociaux :

  • Des échanges non modérés et souvent violents : injures, insultes, harcèlement et développement de « cyber chantage » sur les jeunes filles, exposition de la vie privée, photos intimes et vidéos postées sans consentement.

  • Des phrases, attitudes et représentations sexistes dans les vidéos.

  • Des avatars féminins caricaturaux dans les jeux vidéos : des filles armées à la légère, des postures hypersexuées. Une conséquence de l'écrasante majorité d'hommes parmi les créateurs de jeux : 90 % sont des hommes et s'adressent prioritairement à des joueurs hommes.

Le Centre Hubertine Auclert a étudié ce sexisme sur internet nommé cybersexisme dans sa publication Le cybersexisme chez les adolescent-e-s (12-15 ans) : étude sociologique das les établissements franciliens de la 5e à la 2nde (2016).

Les sites pornographiques : un harcèlement tous publics

Au-delà de la pédopornographie, illégale et poursuivie en tant que telle, de multiples sites pornographiques sont très facilement accessibles aux mineur·es, bien que leur accès avant 18 ans soit interdit. Un tiers des enfants de 12 ans est déjà exposé et la majorité des mineurs a déjà visionné ce type de contenu (voir TF1INFO 2003 : Mineurs et porno : les chiffres du fléau). Ils et elles font ainsi leur apprentissage de la sexualité, loin de toute réalité, du respect de l'autre et des sentiments amoureux.

Dans l’industrie pornographique, des femmes sont massivement victimes de violences physiques et sexuelles, subissant des traitements contraires à la fois à la dignité humaine et…à la loi française. 

En 2023, le HCE remet son rapport « Pornocriminalité : mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique » à la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Il s’agit de montrer que les violences sexistes et sexuelles perpétrées dans l’industrie pornographique sont intrinsèquement liées au discours de haine sexiste et de violence misogyne omniprésent dans la pornographie.