Définition générale des systèmes conditionnels

On parle de système conditionnel lorsque l'on a affaire à une phrase à deux versants :

  • une protase, le plus souvent une subordonnée conditionnelle introduite par "si", exprimant la condition ;

  • une apodose, la principale, exprimant la conséquence de cette condition.

Exemple

Dans la phrase : "Si tu m'aimais, tu n'oublierais pas mon anniversaire.", on distinguera :

  • une protase, "Si tu m'aimais", à l'imparfait de l'indicatif et introduite par "si" : c'est la subordonnée conditionnelle ;

  • une apodose, "tu n'oublierais pas...", au conditionnel présent : c'est la principale.

L'ordre des propositions

La place respective de la protase et de l'apodose est relativement libre.

Le plus souvent, on énonce d'abord la condition (protase), avant d'aborder la conséquence de cette condition (apodose) : "S'il fait beau demain, j'irai me promener."

Néanmoins, il arrive souvent que l'apodose soit en tête :

"Tu seras puni si tu ne finis pas tes devoirs." Dans ce cas, l'accent est mis sur la principale, "Tu seras puni", atténuée par la protase "si tu ne finis pas tes devoirs", qui en restreint la portée.

Les autres conjonctions introduisant une conditionnelle

Une subordonnée conditionnelle peut être introduite par d'autres conjonctions (ou locutions conjonctives) que "si" ; dans ce cas, elle est le plus souvent au subjonctif, plus rarement au conditionnel.

  • soit que... (soit) que..., introduisant une alternative :

    "Soit qu'il ait oublié de venir, soit qu'il n'ait plus voulu, je l'ai attendu toute la journée."

  • pourvu que, pour peu que (+ subjonctif) :

    "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse." (proverbe)

    "Pour peu qu'il pleuve, les récoltes seront perdues."

  • À condition que (+ subjonctif) : "Je te prêterai cet argent à condition que tu me le rendes au plus vite."

  • À supposer que (+ subjonctif)  : "À supposer qu'il obtienne son permis de conduire, je pourrais lui prêter ma voiture."

  • Au cas où (+ conditionnel)  : "Au cas où le vent se lèverait, nous nous abriterions dans la gymnase."

Attention

La plupart du temps, le système conditionnel est asymétrique :

  • La protase peut être à l'indicatif présent ou imparfait, ou encore au subjonctif avec une locution conjonctive en "que".

  • L'apodose sera, elle, à l'indicatif futur, ou au conditionnel ; on pourra aussi la trouver à l'impératif ou au subjonctif injonctif.

On ne trouvera de symétrie que dans les cas de "pseudo-hypothèses" (répétition dans le présent ou le passé), ou dans quelques systèmes en parataxe ou en subordination inverse (voir ci-dessous).

Les systèmes en parataxe

Il arrive parfois que la subordination soit remplacée par la simple juxtaposition, sans lien exprimé, de deux indépendantes. On appelle "parataxe" une telle juxtaposition.

Ainsi, dans l'exemple suivant : "Il se serait levé cinq minutes plus tôt, il rattrapait / aurait rattrapé son retard !", la protase n'est pas ici une subordonnée, mais une proposition indépendante, dont le verbe est au conditionnel passé ; c'est le mode de cette protase qui indique sa valeur hypothétique.

Dans la phrase : "L'eût-il voulu, il n'aurait/n'eût pas mieux réussi.", la protase prend la forme d'une interrogative, avec sujet postposé. L'ensemble des deux propositions est au conditionnel passé, première ou deuxième forme.

La subordination inverse

Très proche de la parataxe, on trouve aussi la subordination inverse : dans ce cas, si la protase est une indépendante, l'apodose, elle, devient une subordonnée conjonctive introduite par "que".

On parle ici de subordination inverse, car la protase, qui normalement est une subordonnée, devient la principale, et l'apodose, normalement principale, se transforme en subordonnée.

Exemple : "L'eût-il voulu qu'il n'aurait pas mieux réussi."

Remarque

Parataxe et subordination inverse semble réservées aux cas où l'on trouve un conditionnel :

  • Irréel du présent :

    "Même s'il le voulait, il ne pourrait mieux réussir." ; "Le voudrait-il, il ne pourrait mieux réussir." ; "Le voudrait-il qu'il ne pourrait mieux réussir."

  • Irréel du passé :

    "Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pu mieux réussir." ; L'eût-il voulu, il n'aurait pu mieux réussir." ; "L'eût-il voulu qu'il n'aurait pu mieux réussir."