Jean-Claude Zancarini expose dans ce cours les différents éléments de la vie, de la carrière et de l'oeuvre de Niccolò Machiavelli (1469 - 1527).
Niccolò Machiavelli naît à Florence le 3 mai 1469. Il est nommé secrétaire de la seconde chancellerie florentine, le 15 juin 1498, très peu de temps après la mort de Savonarole.
Cette période pendant laquelle il fut aux affaires, en tant que l'un des conseillers du gonfalonier à vie Piero Soderini, dure jusqu'à début novembre 1512, lorsque les Médicis, de retour à Florence d'où ils avaient été chassé en novembre 1494, le privent de son emploi à la chancellerie.
Pendant ces quinze ans, il parcourt l'Italie, la France, la Suisse, et rencontre, au nom de la république de Florence, les principaux condottieres et princes italiens. En novembre 1512, le retour des Médicis à Florence provoque sa mise à l'écart et sa condamnation à une année de résidence surveillée hors de Florence.
Le 12 février 1513, après la découverte de la conjuration d'Agostino Capponi et de Pierpaolo Boscoli, Machiavel est arrêté, soumis à la torture judiciaire de l'estrapade et condamné à la prison à vie ; il ne doit sa libération qu'à la liesse générale qui suivit l'élection de Giovanni de Medici au pontificat, le 11 mars 1513.
En août 1513, il commence à rédiger le Prince. Les Médicis continuent à se méfier de lui et cette méfiance va durer jusqu'en 1520. Machiavel fréquente les Orti oricellari, semble-t-il à partir de 1516, où il lit des passages de ses Discorsi sopra la prima deca di Tito Livio.
En 1519 il commence à écrire l'Arte della guerra, seul texte important qui sera publié de son vivant, en août 1521.
En 1520, il est reçu par le cardinal Giulio de Medici et écrit, à sa demande, le Discursus florentinarum rerum.
Il obtient en 1521 une mission à Carpi auprès des frères mineurs (franciscains) confiée par les Otto di Pratica ; c'est de cette mission que date son amitié et un échange assidu de correspondance avec Francesco Guicciardini, alors gouverneur de Modène.
C'est également en 1520 qu'il est chargé par les Provveditori allo Studio d'écrire gli annali o vero le istorie delle cose fatte da lo stato e città di Firenze ; il présentera les Istorie fiorentine au pape Clément VII en mai 1525.
En février 1526, Machiavel est nommé chancelier des Procuratori delle mura de Florence. En septembre, il est envoyé auprès de Francesco Guicciardini qui est alors lieutenant du pape dans l'armée de la sainte ligue ; il retournera à deux autres reprises (fin novembre 1526 puis février 1527) auprès du Lieutenant du pape pendant cette guerre qui aboutit au sac de Rome (6 mai 1527) et à la proclamation de la république à Florence le 17 mai.
Il tombe malade et meurt le 21 juin 1527.
Le Prince et les Discours, qui ont circulé manuscrits jusqu'à ce moment, seront publiés en 1531 et 1532.
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3 - Le laboratoire florentin - 2ème partie - L'art...
Ce cours, à la suite du précédent, présente les grandes lignes de l'histoire de Florence et les effets des guerres sur la cité (1494-1537) ; il s'agit de mettre en évidence ce que l'on peut nommer le « laboratoire florentin » dans lequel s'élaborent les textes de Savonarole, de Machiavel et de Francesco Guicciardini que nous allons étudier.
Le plan de ces cours est strictement chronologique:
- A. La naissance du Grand Conseil : Florence, novembre-décembre 1494
- B. 1494-1512 : le débat interne et l'institution du gonfaloniérat à vie (1502)
- C. 1512-1527 : la première restauration des Médicis
- D. 1527-1530 : la seconde République du grand conseil
- E. 1530-1537 : La restauration définitive des Médicis : Alessandro de' Medici (1530-1537) ; élection de Cosimo I (1537).

4 - Le laboratoire florentin - 3ème partie - L'art...
Ce cours, à la suite des deux précédents, présente les grandes lignes de l'histoire de Florence et les effets des guerres sur la cité (1494-1537) ; il s'agit de mettre en évidence ce que l'on peut nommer le « laboratoire florentin » dans lequel s'élaborent les textes de Savonarole, de Machiavel et de Francesco Guicciardini que nous allons étudier:
- A. La naissance du Grand Conseil : Florence, novembre-décembre 1494;
- B. 1494-1512 : le débat interne et l'institution du gonfaloniérat à vie (1502);
- C. 1512-1527 : la première restauration des Médicis;
- D. 1527-1530 : la seconde République du grand conseil;
- E. 1530-1537 : La restauration définitive des Médicis : Alessandro de Medici (1530-1537) ; élection de Cosimo I (1537).

7 - Savonarole. Trattato circa el reggimento e gov...
Ce cours et les suivants étudient les trois parties du Trattato de Savonarole. Etudier le texte du seul traité de Savonarole explicitement politique c'est en quelque sorte, si l'on s'en tient à la chronologie, commencer par la fin, le texte ayant été écrit quelques semaines avant l'arrestation du prieur de San Marco.
Le texte fut en effet rédigé entre janvier et fin février 1498 à un moment où Savonarole ne pouvait pas prêcher et à la demande du gonfalonier de justice, qui était alors le piagnone Giuliano Salviati.
Rédigé en langue vulgaire pour toucher plus rapidement un public plus large, il fut immédiatement publié en deux éditions florentines et peut être considéré comme une sorte de testament politique du prieur de San Marco.

14 - Francesco Guicciardini (1483-1540) : éléments...
L'art de gouverner à Florence (1494-1530)
Francesco Guicciardini (1483-1540): éléments de biographie.

11 - Machiavel. Le Prince. Problématique générale ...
Comprendre les enjeux de l'écriture du Prince implique d'avoir à l'esprit le moment des guerres d'Italie et les effets de ces guerres sur la cité de Machiavel.
Les guerres d'Italie constituent une coupure fondamentale dont le sens n'échappe pas aux contemporains : tout a été bouleversé par l'arrivée des troupes françaises en Italie en 1494.
Le cours présente les grands concepts qui donnent sens à l'écriture du Prince :
- l'analyse pragmatique des faits et de leurs effets (andare drieto alla verità effettuale della cosa ("suivre la vérité effective de la chose", chapitre XV, 3) ;
- l'analyse de la conjoncture (la qualità de tempi) ;
- la réflexion sur les liens entre virtù et fortuna (la virtù devenant ce qui permet de résister à la fortuna) ;
- la question de la guerre extérieure comme axe central de la réflexion du Prince.

12 - Machiavel, politique et morale : l'historicis...
L'acteur politique est celui qui, en fonction d'une " qualité des temps " qu'il est capable d'analyser définit les objectifs de la période, ses enjeux, et du coup, détermine ce qui est bon et ce qui est mauvais en fonction de ces objectifs.
L'existence de la vertu humaine inscrit le rôle de l'acteur politique comme élément déterminant du déroulement de l’histoire.
Elle se lit comme une éthique de l'action : il s'agit d'abord de faire ce que doit en termes machiavéliens : non si abbandonare mai [ ne jamais se laisser aller ].
Le bien ou plutôt l'agir bien est donc, en se comportant en bon médecin, en bon architecte (deux métaphores récurrentes dans le texte du Prince), après avoir déterminé, en fonction de " la qualité des temps ", les enjeux et les qualités du moment, agir en conséquence.
Mais, dès lors, n'importe qui pourvu qu'il ait en lui la force de ce principe éthique peut jouer ce rôle et définir enjeux et objectifs du moment. S'il les atteint, quels qu'ils soient et quels que soient les moyens utilisés, il joue et il joue bien le rôle qui lui est dévolu: le bien et le mal sont radicalement historicisés ; tout acteur politique s'inscrit dans cette réalité.
C'est là le sens du dévoilement machiavélien : mettre en évidence le rôle de la force, des rapports de force, des conflits et de la guerre comme vérité des rapports entre Etats et à l'intérieur même des sociétés.Mais, paradoxalement, ce qui se joue dans ce rapport des temps et des hommes se nomme l'éthique.
Ceci peut se lire dans l'exhortation finale du Prince à libérer l'Italie (chapitre XXVI), qui donne sens à tout l'ouvrage.
Il y a un enjeu central : la rédemption de l'Italie ; un moyen nécessaire : la mise en place d'armes propres (la réflexion sur les armes est récurrente dans le texte) ; un sujet possible de cette rédemption : un prince nouveau et vertueux.il s'agit d'arrêter le cycle de la corruption, d'éviter, si faire se peut, la mainmise étrangère sur l'Italie. Plutôt un prince nouveau que la lente agonie de l'Italie !

5 - Savonarole : situation historique (1494-1498) ...
Savonarole, prieur du couvent dominicain de San Marco joue un rôle déterminant dans la forme de gouvernement que prend Florence après la fuite de Pierre de Médicis.
Pendant les quatre années qui suivent, la vie politique de Florence est marquée par les oppositions entre ses partisans, les piagnoni, les anciens médicéens, les bigi, et les arrabbiati (« enragés ») qui s'opposent aux uns et aux autres.
Le Trattato de Savonarole est rédigé en 1498, quelques mois à peine avant l'arrestation, le procès et la condamnation à mort du Frère.

1 - Problématique générale : le moment des guerres...
Il s'agit de resituer la question de l'art de gouverner dans un moment et un lieu. Le moment, c'est celui des guerres d'Italie ; il s';agit d'une coupure fondamentale dont le sens n'échappe pas aux contemporains : tout a été bouleversé par l'arrivée des troupes françaises en Italie en 1494. L'état de guerre est une donnée permanente. Le lieu, c'est Florence, avec sa tradition républicaine, son attachement à la libertà, terme signifiant à la fois l'indépendance de la cité et la forme républicaine de son gouvernement ; et ce malgré les soixante années de gouvernement médicéen qui, de 1434 à 1494, tendait vers le principat. La conjoncture qu'ouvre l'état de guerre amène la mise en place d'une forme politique nouvelle, le grand conseil. La réflexion des républicains florentins part de l'analyse de cette conjoncture nouvelle. Dès lors, on considérera que dans l'expression « art de gouverner », « art » est à prendre dans le sens que lui donnaient les Florentins du XVIe siècle : il s'agit du « métier » de gouverner et de la réflexion sur ce « métier ».

13 - Le rire politique de Machiavel, dans la Mandr...
Dans la Mandragola, les analyses politiques de Machiavel sont présentes et servent à provoquer le rire ; mais que dans les oeuvres au sens strict politiques (que l'on qualifie même parfois de théoriques) il y ait une indubitable composante comique, il est moins fréquent de l'entendre affirmer.
C'est cette double présence qui est mise en évidence ici, en un parcours où, de la Mandragola au Prince, se mêlent comique et sens tragique de l'histoire (on se souviendra que l'une des lettres adressées à Guicciardini, le 21 octobre 1525, est signée Niccolò Machiavelli, historico, comico et tragico).
La clé de lecture de ce nouage s'appuie sur un jugement éclairant de Francesco Guicciardini dont l'amitié avec Machiavel remonte à la beffa qu'ils montèrent ensemble aux dépens des frères mineurs réunis en chapitre à Carpi en 1521.
Alors que se prépare la guerre per la libertà d'Italia qui aboutira à la catastrophe du sac de Rome, Francesco Guicciardini écrit à Roberto Acciaiuoli : El Machiavello si truova qua : era venuto per riordinare questa militia, ma, veduta quanto la è corrotta, non confida haverne honoro. Starassi a ridere delli errori delli huomini, poi che non gli può correggere. [Ex castris. 18 Iulii 1526.]
C'est là définir avec acuité le rire politique de Machiavel, façon de lire l'histoire en rendant compte des défaites.

15 - Francesco Guicciardini (1483-1540), Dialogo d...
"Temps de la fiction et temps de l'écriture"
Le temps de la fiction : le dialogue renvoie à la fin de l'année 1494 ; on ne peut réfléchir sur le meilleur des gouvernements pour la république florentine sans revenir au début du processus, en 1494.
A partir de 1494 rien ne sera plus comme avant : la qualità de tempi change radicalement et les vieilles solutions de la politique oligarchique communale ne sont plus efficaces. Entre 1521 et 1525, quand Francesco Guicciardini écrit son dialogue, le retour au lointain hiver 1494-1495 désigne le retour nécessaire à un moment historique qui constitue le socle du présent.
Le temps de l'écriture: le dialogue présente schématiquement trois états : un premier manuscrit autographe (désigné traditionnellement comme le manuscrit A), un manuscrit dicté à un secrétaire (mss B) portant lui-même des corrections de l’auteur (constituant la version C).
Les trois versions du proemio renvoient probablement à ces trois étapes.
Si la rédaction A du dialogue, nous l'avons dit, date de la seconde moitié de l'année 1521 (après la fin juillet, date à laquelle il est nommé commissaire général de l'armée, avant le 1er décembre date de la mort de Léon X), la rédaction B est probablement dictée, par l’auteur selon ses habitudes, entre mai 1524 (date de sa nomination comme gouverneur de Romagne) et janvier 1526 (date de son départ pour Rome où il va devenir un des plus proches conseillers du pape Clément VII), voire beaucoup plus tôt (Palmarocchi évoque juin 1525).
Quant aux interventions de l'auteur constituant la rédaction C, la troisième rédaction du proemio semble montrer qu'elles ont eu lieu avant la chute des Médicis en mai 1527.
Cette complexe construction du texte traduit le double enjeu de l'écriture : comment le dialogue réel (avec Machiavel et avec les autres réflexions sur la réforme des institutions républicaines) se fictionnalise et comment la fiction parvient à dire le réel. Bref, comment s'articulent la fonction politique de l'écriture et la littérarité de cette écriture politique.