Les manuels scolaires
Un rapport du Sénat de 2014 indique que :
sur 1 537 documents proposés à l'étude dans les manuels scolaires, seuls 65 ont été réalisés par des femmes ;
dans les ouvrages de français, sur 13 192 noms mentionnés en histoire littéraire et artistique, 6 % sont ceux de femmes et 5 % des textes littéraires qui sont proposés à l'étude sont écrits par des femmes ;
concernant les manuels de mathématiques de terminale scientifique et bac pro, on compte un personnage féminin pour cinq personnages masculins.
Cela pose un vrai problème d'orientation, les jeunes ne pouvant se projeter en femme scientifique ou en homme infirmier si on ne leur en montre pas.
De plus, pour les filles, le peu de diversité et la faible valorisation des modèles d'identification proposés ont des conséquences en termes d'estime de soi, les amenant inconsciemment à s'identifier aux rôles très limités qu'on leur attribue traditionnellement, ce qui implique :
un faible engagement des filles pour des métiers scientifiques ou à responsabilité ;
des choix professionnels stéréotypés ;
une association permanente entre le féminin, la maternité, l'éducation et les soins aux enfants, les activités ménagères.
Pour les garçons, la valorisation de certains comportements (se montrer fort, ne pas pleurer, ne pas se plaindre) et l'absence de certaines représentations (métiers du social et de la sollicitude, relation père/enfant, activités domestiques, etc.) vont forger une « nature » masculine figée qui a pour conséquences :
une association entre la masculinité et les comportements perturbateurs, voire violents ;
des « incompétences émotionnelles » (se manifestant par des difficultés à exprimer et reconnaître ses sentiments) ;
une absence de perception de la nécessité de concilier vie personnelle (voire familiale) et vie professionnelle.
Pour en savoir davantage, on peut se reporter aux études sur les représentations sexuées dans les manuels de français, d'histoire et de mathématiques réalisées par le Centre Hubertine Auclert. Ces études montrent que les femmes demeurent largement sous-représentées, ce qui résulte à la fois d'un déséquilibre numérique et de procédés « d'invisibilisation ». Les textes sont écrits au masculin, considéré comme neutre. Quand elles apparaissent, les femmes sont le plus souvent présentées comme mères, épouses, muses ou occupant des rôles subalternes, mais rarement en tant que créatrices.
La question des manuels scolaires vue sous l'angle des stéréotypes, avec une présentation des productions du Centre Hubertine Auclert, est reprise dans la section suivante, intitulée Stéréotypes de sexe.