Filmer, plus spécialement en documentaire, ce n'est pas seulement représenter, c'est aussi agir directement sur le monde et ses protagonistes ; en documentaire bien plus qu'en fiction, la relation entre l'action du filmeur et les actions des filmés (au tournage comme au montage) est non seulement le moteur du film, mais partie intégrante de son motif et de son sens. Si en fiction, selon l'adage godardien, "un travelling c'est une question de morale" (comme on dirait "le style c'est l'homme"), en documentaire "la morale est bien une question de travelling" (citation moins connue mais antérieure de Luc Moulet), dans la mesure où on ne filme pas les personnages d'une histoire (une représentation au sens théâtral et une vision d'auteur) mais l'histoire des gens, qui valent et répondent d'eux-mêmes devant la caméra, et le documentariste doit répondre de leur présentation.
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Penser le cinéma documentaire
Pris entre des exigences contradictoires, le documentaire est depuis toujours difficile à définir. Pourtant le documentaire représente aujourd’hui un « nouvel art politique ». On peut tenter de le caractériser par son objet : dire quelque chose du monde à partir d’évènements réels. L’image documentaire représenterait alors en quelque sorte notre prore rapport au monde et permettrait d’assigner une nouvelle dimension au cinéma.