Fleuve de tous les superlatifs, le plus long, le plus puissant, avec des débits de crue jusqu'à 300 fois le débit moyen de la Loire, des milliers d'émissaires dont une quinzaine de la taille du Rhin, un bassin-versant de la superficie de l'Europe, tel nous apparaît l'Amazone. Ici le temps ne compte pas... 80 % de la population rurale s'abrite le long des berges et la vie est rythmée par le fleuve, la crue et la décrue annuelles... Les caboclos vivent d'un peu de pêche, polyculture de subsistance, petit commerce ou travail saisonnier hors de la cellule familiale. Les petites et moyennes agglomérations suivent à peu près toutes le même schéma d'aménagement avec l'église, le centre en damier et le port avec ses pontons et entrepôts. Elles ne s'animent que lors de l'arrivée de quelque gaïola ou pirogue. Manaus et Belem ont tiré leur richesse de l'extraction et de la commercialisation du caoutchouc fin 19ème / début 20 ème siècles. Après une période de léthargie consécutive à la débâcle de l'économie du latex, les deux villes ont saisi de nouvelles opportunités pour revitaliser leur économie, mais aujourd'hui l'explosion démographique n'est plus le reflet de la vitalité urbaine. Il reste cependant l'ambiance amazonienne et le fleuve. Ce fleuve seul lien terrestre direct entre les deux métropoles. L'Amazone est en effet navigable jusqu'au Pérou, sur plus de 4 000 km, mais le trafic ne doit pas faire illusion, l'Amazone,en dépit de ses énormes potentialités, n'est pas un grand axe commercial. Le fleuve, avec sa force tranquille, impose toujours sa marque au milieu, et l'Homme reste encore insignifiant dans cet univers trop grand pour lui.
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