Prostitution, dignité humaine
« La prostitution et le mal qui l'accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien-être de l'individu, de la famille et de la communauté »
, est-il énoncé dans la convention des Nations Unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui, approuvée par son Assemblée générale le 2 décembre 1949 et ratifiée par la France le 19 novembre 1960.
Le système prostitutionnel heurte les principes fondamentaux de notre société : la non patrimonialité du corps humain, un des principes cardinaux de notre droit, fait obstacle à ce que le corps humain soit considéré comme une source de profit. Les agressions sexuelles, physiques et psychologiques qui accompagnent souvent la prostitution, et la répétition fréquente d'actes sexuels non désirés, portent atteinte à l'intégrité du corps des personnes prostituées.
La prostitution contrevient au principe d'égalité entre les sexes. En effet, même s'il existe une prostitution masculine, les « clients » sont en quasi-totalité des hommes et les personnes prostituées en très grande majorité des femmes (voir l'illustration). Elle constitue une exploitation de la pauvreté et des inégalités.
"Besoins sexuels masculins irrépressibles" ? cela renvoie à une conception archaïque de la sexualité qui ne saurait légitimer la prostitution, ou le viol.
Les abolitionnistes situent le système prostitueur à l'intersection de deux modes de domination :
le patriarcat,
la domination économique et sociale.
Ce système de domination s'illustre par un double archaïsme :
la persistance de la mise à disposition du corps des femmes au profit des hommes,
le système prostitueur garantit aux hommes ce que la condamnation du viol leur a retiré : la possibilité de disposer du corps des femmes dans un "rapport" sexuel à sens unique niant le désir de l'autre.
L'autorisation de l'achat ou la vente de l'accès au corps d'autrui revient à l'exploitation d'un rapport de force marchand.
En France, la loi du 13 avril 2016 "visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées", illustre son engagement abolitionniste. Cette loi vise à
renforcer la lutte contre le proxénétisme ;
améliorer la prise en charge des personnes victimes de prostitution ;
favoriser un changement de regard sur la prostitution ;
responsabiliser les clients de la prostitution.
Et en novembre 2021 a été lancé le Premier plan de lutte contre la prostitution des mineurs.
Pour aller plus loin on pourra consulter le site de l'Amicale du Nid.