Cinquième partie de l'Essentiel "Éléments pour une rencontre de la Sociologie et de l'Économie" qui fait suite à "La négociation (Grande Leçon : La sociologie peut-elle aider à comprendre l'économie, 5/5)". Les auteurs vous proposent de rencontrer Olgierd Kuty, Jean-François Orianne et Christophe Dubois, tous trois sociologues, pour aborder la question de la négociation contemporaine, au moment même où il est question de souffrance au travail, de stress, de violence au travail, de licenciements massifs ou d'exclusion. L'analyse de la négociation contemporaine (depuis les années 1980), appelée aussi post-fordiste ou post-taylorienne, révèle une tension entre deux pôles microsociologiques : négociation contrainte d'une part, coproduction normative (négociation des valeurs) d'autre part, qui révèlent deux états de la régulation autonome. Elle succède à la négociation des Trente Glorieuses (1945-1975), celle des arrangements stratégiques clandestins, que les concepts de Crozier ont aidé à comprendre comme tournant autour d'une règle taylorienne. Aujourd'hui il faut approfondir davantage l'analyse dans deux directions : tout d'abord, le niveau institutionnel (méso) et son articulation au niveau micro; ensuite le monde des acteurs de la régulation de contrôle et la complexité de leurs relations internes, face à la régulation autonome.
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La négociation (cours : La sociologie peut-elle ai...
Les auteurs vous proposent d'aborder avec Olgierd Kuty la question de la négociation, ses enjeux dans l'organisation du travail et, en filigrane, ses répercutions économiques évidentes.
Une approche à la fois sociologique et historique. Depuis les années 1950, nos sociétés sont marquées par une régulation négociatoire. Elle est apparue dans les années 1930 aux Etats-Unis. Il faut donc distinguer trois moments successifs de négociation :
- la négociation silencieuse qui couvre les années 1933 à 1962,
- l'arrangement stratégique crozérien des années 1960 et 1970 (1963-1984),
- l'accord normatif (Reynaud, Boltanski) depuis 1989.
La nouvelle société de réseaux qui émerge depuis les années 1980 repose donc sur ce dernier type de négociation, marqué notamment par une "négociation des valeurs" (immanentes) et une procéduralisation.
L'innovation : élément pour une rencontre de la So...
L'approche de l'innovation proposée ici s'écarte des versions couramment présentées en sciences de gestion qui ont en commun d'être centrées sur des secteurs (les produits ou les services innovants) et d'être séquentielles (de la conception à la diffusion, une série d'étapes conçues comme irréversibles).
On considère ici l'innovation comme un processus de traduction, dans lequel le passage de chacun des quatre grands moments (problématisation, intéressement, enrôlement et mobilisation) à l'autre est une opération complexe qui n'a rien d'irréversible et dans laquelle les objets sont un point de passage obligé.
Au cours de la discussion qui sert de base à ce module, on cherche à décentrer un peu l'attention de l'examen de situations industrielles pour s'intéresser notamment aux innovations sociales et culturelles. Enfin, on s'efforce également de mettre en relation la notion d'innovation avec d'autres notions voisines ou complémentaires (comme la notion d'objet-frontière) et de rapporter la sociologie de l'innovation à la question centrale de l'expertise.
Justice et management - enjeux et défis : élément ...
Les auteurs vous proposent de rencontrer Frédéric Schoenaers (sociologue), Joël Ficet (politologue) et David Delvaux (sociologue) pour comprendre quels sont les enjeux liés à l'introduction du référentiel managérial au sein des tribunaux et parquets.
En effet, depuis les années 90, les organisations judiciaires, tout comme le reste du secteur public subit de nouvelles exigences en vue de l'amélioration de ses performances. On attend de la justice qu'elle soit plus efficace, plus efficiente, de meilleure qualité, qu'elle fasse preuve d'une meilleure écoute et qu'elle rende des comptes. Tous ces éléments sont restés relativement étrangers aux préoccupations des acteurs judiciaires puisque le paradigme de fonctionnement au sein duquel ils évoluaient n'était pas voué à ces préoccupations managériales.
La flexibilité : éléments pour une rencontre de la...
Les auteurs vous proposent de rencontrer François Pichault et Virginie Xhauflair, respectivement sociologue et anthropologue, pour clarifier le concept de "flexibilité", derrière lequel se cachent des réalités multiples et en constante évolution des mondes du travail contemporains.
Les deux intervenants détaillent les divers enjeux liés à la problématique de la flexibilité : enjeux organisationnels, enjeux de gestion des ressources humaines, enjeux sociaux, effets pervers pour les travailleurs et pour les employeurs, etc. Et leur approche de la notion de "flexicurité", ou "flexisécurité" - désormais présentée comme le socle d'un nouveau compromis social entre besoins de flexibilité et besoins de sécurité - leur permet de montrer ses limites actuelles et de proposer un ensemble de variables à la fois descriptives et évaluatives, permettant de qualifier les compromis émergents et de faire évoluer ceux-ci dans une perspective économiquement et socialement responsable.
La consommation culturelle : élément pour une renc...
Les auteurs vous proposent de rencontrer l'historien du cinéma Fabrice Montebello pour aborder avec lui le spectacle cinématographique du point de vue des consommateurs, véritables experts pour en mesurer la qualité.
L'histoire du spectacle cinématographique, c'est-à-dire du cinéma appréhendé du point de vue de ses consommateurs, est peu développée. Elle permet pourtant de dépasser les limites de l'historiographie des productions cinématographiques nationales et d'étudier le contenu et le sens de l'expérience cinématographique pour ceux qui s'attachent au plaisir qu'elle procure.
Fabrice Montebello montre comment l'étude historique précise de la circulation des films, associée à l'analyse des critères de qualité forgés par les consommateurs, permet de rendre compte de la richesse de cette expérience cinématographique, au lieu de la sacrifier à l'analyse stylistique des chefs d'oeuvre et à la biographie des réalisateurs ou des acteurs. La capacité des consommateurs à évaluer la qualité cinématographique, à différencier les genres en fonction des situations de consommation, et le souci de la transmission qui caractérisent la culture cinématographique peuvent être reconnus, au lieu d'être sacrifiés à une sociologie déterministe et simpliste de la consommation cinématographique. L'histoire nationale du cinéma mondial qu'il défend remet ainsi la question de la qualité cinématographique et de son expertise au centre du débat.