Le sociologue français Lucien Karpik est l'auteur d'un travail pionnier en matière de compréhension sociologique du marché. Ses recherches l'ont conduit dans un premier temps, à analyser l'articulation État, profession et public qui caractérise le marché des avocats et de l'inadéquation, pour rendre compte du métier d'avocat, de la théorie traditionnelle du marché comme lieu de coordination par les prix.
Il s'est ensuite efforcé de construire, en s'appuyant sur de multiples études empiriques, une modélisation du fonctionnement du marché alternative à cette compréhension traditionnelle du marché.
À cette théorie dite standard, il oppose la nécessité de prendre en compte la confiance, le réseau, et les dispositifs de jugement qui aident le consommateur à réduire l'incertitude de la qualité des biens singuliers. L'économie des singularités présente les concepts fondamentaux sur lesquels repose cette modélisation.
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La sociologie peut-elle aider à comprendre l'écono...
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Longtemps figés dans des formes de défiance mutuelle, les rapports de la sociologie et de l’anthropologie d’une part, et de l’économie d’autre part, se sont beaucoup transformés depuis une vingtaine d’années : on voit les économistes s’intéresser de plus en plus souvent à des thèmes réputés anthropologiques (le don) ou sociologiques (la famille ou l’identité) ; on voit les sociologues et les anthropologues traiter du marché ou de l’argent.
La redistribution des objets d’études n’est pourtant pas le seul phénomène marquant de cette évolution : il s’agit tout autant d’un redéploiement épistémologique, par lequel, de façon inattendue, les économistes disputent d’une théorie de l’action (par exemple, celle du choix rationnel ou celle des conventions), tout comme les sociologues disputent d’une économie des pratiques (redéfinissant, par exemple, l’acteur collectif, comme groupe ou comme réseau).
La consommation culturelle : élément pour une renc...
Les auteurs vous proposent de rencontrer l'historien du cinéma Fabrice Montebello pour aborder avec lui le spectacle cinématographique du point de vue des consommateurs, véritables experts pour en mesurer la qualité.
L'histoire du spectacle cinématographique, c'est-à-dire du cinéma appréhendé du point de vue de ses consommateurs, est peu développée. Elle permet pourtant de dépasser les limites de l'historiographie des productions cinématographiques nationales et d'étudier le contenu et le sens de l'expérience cinématographique pour ceux qui s'attachent au plaisir qu'elle procure.
Fabrice Montebello montre comment l'étude historique précise de la circulation des films, associée à l'analyse des critères de qualité forgés par les consommateurs, permet de rendre compte de la richesse de cette expérience cinématographique, au lieu de la sacrifier à l'analyse stylistique des chefs d'oeuvre et à la biographie des réalisateurs ou des acteurs. La capacité des consommateurs à évaluer la qualité cinématographique, à différencier les genres en fonction des situations de consommation, et le souci de la transmission qui caractérisent la culture cinématographique peuvent être reconnus, au lieu d'être sacrifiés à une sociologie déterministe et simpliste de la consommation cinématographique. L'histoire nationale du cinéma mondial qu'il défend remet ainsi la question de la qualité cinématographique et de son expertise au centre du débat.