Des premiers romans aux ouvrages biographiques consacrés aux écrivains, en passant par les deux grands moments philosophiques de la guerre et des années soixante, Sartre décline de manière chaque fois singulière une même conception de la liberté qui tire toute son originalité d’une expérience originelle: celle de l’écrivain et de la littérature. De cette expérience découlent des conséquences philosophiques, morales, pratiques et politiques qui comportent à la fois des limites et des ressources pour la pensée.
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Politique de l'autobiographie chez Sartre
Entre le récit autobiographique de Roquentin dans La Nausée et les dernières biographies dialoguées et filmées des années soixante-dix, se profile toute une nébuleuse de textes autobiographiques aux régimes multiples ; loin d'être sans unité, cet ensemble de textes est relié par la paradoxale conception sartrienne de l'écriture de soi, conception qui mobilise tant sa philosophie que sa conception de la politique.
Sartre à Venise, une palinodie
L’attachement de Sartre à Venise est profond et durable, mais aussi mystérieux car tout chez Sartre paraît s’opposer à Venise. Sartre trouve à Venise la possibilité de changer radicalement de projet existentiel, d’être « un autre Sartre », d’écrire, à travers une utilisation fréquente de la métaphore, cette espèce de contre-Nausée qu’est La Reine Albemarle ou le dernier touriste, avant d’en sortir, et de revenir à son essai engagé sur Les communistes et la paix.
Les morales de Sartre, une logique de l'erreur
A partir des indications fragmentaires données par Sartre, il est possible de suivre sa tentative d'élaborer une morale à partir d'une « logique de l'erreur » qui n'est autre qu'une « logique des émotions ». De L'Esquisse d'une théorie des émotions au livre sur Flaubert, en passant par la psychanalyse existentielle, cette logique se décline comme une originale théorie de l'enfance qui, reprenant certains n½uds de la philosophie d'Alain, renoue les thèmes de la temporalité, de l'imagination et du social et nous oriente vers une philosophie de la culture.
Sartre et la mort, l'oubli du corps dans l'Etre et...
Dans le cadre du traitement sartrien de l'incarnation, du corps et de la facticité dans L'Etre et le néant, bien que de longues analyses soient consacrées à des problèmes comme ceux du désir, de l'amour passionnel, du douleur et de la maladie, peu de place est réservée à la mort dans sa dimension incarnée ; dans sa tentative de s'opposer à Heidegger, Sartre se refuse à consacrer - dans la quatrième partie du livre - un traitement au mourir, ce qui l'empêche de cerner les enjeux phénoménologiques de la mort dans sa dimension psychosomatique.
L'éthique de l'existentialisme
L'inaboutissement de la morale de Sartre, loin de représenter l'échec de sa propre version de l'existentialisme, peut être envisagé positivement comme l'accomplissement de sa philosophie dans une dimension éthique ; l'éthique marque alors une distance de l'ordre du code moral (les valeurs, les règles et les prescriptions prises dans leur objectivité)- qui dépendent d'elle - et doit plutôt être comprise comme une pratique réfléchie de la liberté qui prend une direction à la fois originale et radicale.
Mourir pour...
Le passage le plus critique de Sartre envers l’analytique existentielle d’Heidegger dans L’Etre et le néant porte sur sa conception de l’être-pour-la-mort.
La conception sartrienne de l’absurdité de la mort et du mourir-pour, esquissée dans cet ouvrage mais dramatisée de manière profonde dans les grandes pièces théâtrales qui suivent l’essai d’ontologie phénoménologique, est une tentative pour relire de manière lucide le rapport de l’homme libre à l’aspect tragique et non totalisable de la mort, mettant en évidence sa relation avec les autres et avec la politique, aspect oublié par Heidegger.