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La Géographie du Canada et sa diversité culturelle
Cette ressource en ligne est dédiée à la géographie culturelle du Canada. Elle est composée de texte, de cartes animées, de presque une centaine de histogrammes quantifiant les différences régionales, ainsi que d’une trentaine d’entretiens personnalisées avec des spécialistes canadiens. Chaque module est conçu pour être indépendant. La première partie traite des différentes régions du Canada et la deuxième des questions culturelles par région. Les données sources sont tirées du site web de Statistiques Canada et le texte est inspiré par endroits du livre « The Regional Geography of Canada », R.M. Bone (2002), ainsi que du livre de A. Griffith « Policy Arrogance or Innocent Bias : Resetting Citizenship and Multiculturalism (2013).
La notion de "'nordicité" au Canada
Le concept du « Nord » est intrinsèque à l’identité canadienne – les hivers rudes, la forêt et les lacs à perte de vue, les animaux sauvages… - tous font parti de l’inconscient canadien, même si le citoyen typique habite souvent dans une grande ville pas loin de la frontière américaine au sud. Le réchauffement climatique perturbe l’équilibre écologique et provoque des dégâts particulièrement importants pour certaines espèces au Canada, tel que l’ours polaire, ou divers environnements, comme la toundra où la fonte du pergélisol transforme les flux d’énergie et de matières organiques qui régissent les équilibres. Certains citoyens regrettent même que les hivers « ne soient plus comme avant » : moins longs, moins froids, moins de neige…, malgré tous les avantages que ces changements peuvent représentés pour le citoyen ordinaire.
Différentes définitions de « nordicité » ont été avancées dans la littérature académique et Bone (XXX) en donne quelques unes dans son ouvrage « The Regional Geography of Canada ». Sur ce site, nous nous limiterons à trois zones :
1) Le « Sud » : cette région correspond aux grandes villes du Canada ainsi qu’aux terres agricoles qui se situent plutôt près de la frontière partagée avec les USA aux sud du pays. Pour certaines villes, comme Winnipeg, Ottawa, et Québec par exemples, le « Sud » demeure une région très froide en hiver avec des températures moyennes bien en-dessous de 0 et des cumuls de neige importants. Le Sud se caractérise surtout par sa concentration du pouvoir politique et économique : les décisions sont prises dans le Sud par des personnes élevées dans les grandes villes et elles sont répercutées sur l’ensemble du territoire.
2) Le « Moyen Nord » : partez de n’importe quelle ville canadienne et suivez la route principale vers le nord et progressivement vous verrez de moins en moins de maisons et de champs agricoles et de plus en plus de forêt. Au bout de la route, vous arriverez probablement à une petite ville minière ou de papeterie. Ces villes partagent plusieurs caractéristiques : elles dépendent essentiellement de l’extraction de ressources primaires pour leur survie et dont les emplois essentiellement d’un seul employeur, elles connaissent des économies de « boom & bust » avec des hauts et des bas, elles sont souvent peuplées de plus d’hommes que de femmes, les habitants y sont très attachés. Voir l’entretien avec Dan Laroque sur la ville de Cobalt – ville minière située au nord de l’Ontario qui fut la plus grande mine d’argent au monde au début du 20ième siècle.
3) Le « Grand Nord » : cette zone regroupe la totalité des territoires du nord ainsi que les extrémités nord des provinces à l’exception des provinces de l’Est. Traditionnellement, elle est habitée par les peuples autochtones et l’arrivée des blancs coïncide avec des « ruées vers l’or » ou d’autres ressources naturelles (pétrole, diamants…). Comme pour le Moyen Nord, l’économie dépend surtout de l’extraction de ressources naturelles dont la richesse bénéficie surtout aux entreprises du sud avec relativement peu de retombées pour les autochtones. Cette tendance est en évolution et progressivement, les conditions d’extraction des ressources naturelles est soumise à un dialogue avec les représentants autochtones.
Les régions démographiques du Canada
La majorité des grands pays du monde ont aussi une population nombreuse; la Russie, la Chine, les USA, l’Inde, le Brésil sont des pays qui ont à la fois des superficies et des populations importantes. Quelques pays font exception, parmi lesquels nous pouvons compter l’Australie et le Canada. Le premier concentre ses habitants le long du littoral, et sa faible densité démographique est attribuable à l’immensité des terres arides intérieures. La population du Canada est répartie surtout le long de sa frontière sud, proche des Etats-Unis, car les conditions climatiques du nord et la distance aux marchés économiques ne sont pas propices au développement urbain. Dans cette partie, deux aspects de la démographie seront traités. Le premier est la répartition de la population à travers les provinces et territoires, ainsi que leur composition par tranche d’âges. Le deuxième décrit la contribution aux dynamiques par les différentes composantes que sont les naissances/décès, immigrations/émigrations, et enfin les migrations interprovinciales. La source de données pour cette partie demeure les tableaux de données de Statistiques Canada.
Les autochtones du Canada
Les autochtones du Canada n’entrent pas dans le cadre du « Multiculturalisme » canadien, car ce dernier est une politique explicite d’immigration et d’intégration de nouveaux arrivants, mais ils font partie de la diversité culturelle du pays.
Les histoires de grandes conquêtes sont toujours heureuses pour les conquérants ; le sort des conquis est moins aventureuse, et la vision des faits est rarement relaté en intégrant les mêmes éléments. L’arrivée des français et anglais aux XVIème et XVIIème siècles a marqué la fin de l’autonomie des autochtones. Les systèmes politiques, militaires, religieux, et judiciaires des nouveaux arrivants ont conjugués leurs forces et domaines d’expertise afin de déposséder les autochtones de leurs terres d’abord, et dans une certaine mesure, de leur identité culturelle. Malgré la « richesse de la complémentarité », les humains vivent la différence de l’autre le plus souvent comme un danger. Face à une minorité différente, le plus simple pour la culture dominante est de chercher à assurer que l’autre soit « intégré ».
Aujourd’hui, au Canada, il y a trois catégories officielles d’autochtones : les Indiens, les Inuits et les Métis. Les Indiens et les Inuits représentent les premiers peuples à avoir colonisé le Canada. Comme il est résumé par Bone (2002), les scientifiques pensent que les premiers humains à avoir colonisé le Canada arrivèrent de l’Asie par le Détroit de Béring il y a environ 30 à 40 ka. Ils ont pu traverser le détroit à pied à la poursuite de gibier puisque le niveau de la mer était de l’ordre de 100 m plus bas à cause d’une période glaciaire (Wisconsinan). Vers -12 à -18 ka, un corridor libre de glace s’ouvra à l’est des rocheuses et ces premiers chasseurs ont pu migrer vers le sud. La colonisation de l’est de l’Arctique fut beaucoup plus tardive. Cette région fut peuplée vers -5 ka lors du retrait des glaciers par des chasseurs qui avaient développé des techniques de chasse en mer (phoques, baleines, autres mammifères marins…).
Les statistiques sur la localisation des autochtones au Canada aujourd’hui proviennent du site de Statistiques Canada cité en introduction et dans la rubrique Source des Données.
Les régions du Canada
Le visiteur européen au Canada est souvent étonné par l’homogénéité des paysages canadiens. Par endroit, il faut parcourir des milliers de kilomètres avant de percevoir un changement notable dans le paysage. La traversée du bouclier canadien en Ontario n’est qu’un exemple : heure après heure de forêts, lacs et rochers – de Toronto à Kenora, la traversée en voiture semble interminable. Et après une quinzaine d’heures du bouclier, le voyageur s’attaque ensuite à quelques jours de prairies… Le contraste est fort avec la France, où chaque région possède sa spécificité – les Landes, le Massif Central, la Méditerranée, Les Alpes, la Bretagne…
Avant de décrire les caractéristiques physiques et humaines des provinces et territoires, une brève présentation des superficies permettra de mieux appréhender les disparités régionales. Le Canada a une superficie totale de 9 984 670 km2, dont 9 093 507 km2 de terre et 891 163 km2 d’eau douce, ce qui le classe deuxième plus grand pays du monde après la Russie. La répartition des surfaces en terre et eau est montrée dans les figures ci-dessous : en km2 et en % des surfaces terrestres et en eau.
Le premier fait marquant est la faible superficie des provinces maritimes (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Ecosse, et l’Ile du Prince Edouard). Ensemble, ces trois provinces cumulent moins de 1,5% du pays. Les implications de ces faibles superficies sont importantes, surtout en termes d’exploitations de ressources primaires : avec moins de surface, le potentiel pour cultiver le sol ou découvrir et exploiter des ressources minières et forestières reste limité.
Le Nunavut se distingue par sa très grande superficie, plus de 20% du pays. Cependant, les terres du Territoire de Nunavut sont dispersées sur de nombreuses îles et restent difficilement accessibles pour cette raison ainsi que pour sa position dans les très hautes latitudes. La province du Québec a la plus grande superficie terrestre provinciale et toutes les provinces à l’ouest du Québec ont des valeurs similaires. Enfin, l’extrême ouest du Canada (Colombie-Britannique, Alberta, le Yukon) représente des terres avec relativement peu d’eau douce par rapport aux autres provinces et territoires de tailles similaires.
Pour le Canada, l’unité administrative la plus simple à traiter est celle de la province ou territoire. Dans l’ensemble de ce site web, seules les régions physiographiques, ou naturelles, ne correspondent aux limites administratives des provinces et territoires. Certaines limites naturelles s’imposent comme une barrière naturelle – des lignes de crêtes, des cours d’eau, des îles – mais le plus souvent une unité physiographique est partagée par différentes provinces/territoires et une province ou un territoire peut contenir différentes unités physiographiques. Cette partie débutera par une description des unités physiographiques (géologie et relief, climat, végétation, sols) avant de s’adresser aux aspects « humains » : les richesses économiques des provinces et territoires ainsi que leurs caractéristiques démographiques. Enfin, cette première partie se terminera par un bref résumé de ce que nous appellerons la « nordicité » du Canada (d’après Bone, 2002) et un bilan global des régions du Canada.
L'immigration au Canada
Nous disons souvent, en comparaison avec la France d’ailleurs, que le Canada est un pays d’immigrants. Cependant, toutes les nations sont faites d’immigrants. Ceci est très clairement le cas des « jeunes » pays comme le Canada et l’Australie, mais toutes les régions de la planète, y compris la vieille Europe, ont fait l’objet de guerres, d’invasions, de conquêtes, et de métissages depuis le début des temps. A l’échelle millénaire, l’immigration et le mouvement des peuples est la norme et non pas un phénomène moderne qui met en danger les sociétés. Ayant dit cela, la modernité des transports et l’ouverture des frontières nationales ont introduit des possibilités de flux humains jamais connu auparavant. Et ceci a engendré des changements dans les origines des immigrants. Après une brève présentation des flux historiques d’immigrants, la répartition des immigrants en fonction de leurs origines ethniques sera présentée à travers une série de cartes interactives et de graphiques. Les cartes proviennent de l’Atlas du Canada (en-ligne), et les graphiques du site web de Statistiques Canada.
Les régions économiques du Canada
Le Canada se classe parmi les pays les plus riches du monde. Son Produit Intérieur Brut (PIB) en 2010 était est le 10ème sur les 216 pays du monde (http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD). En 2011 il a été classé 6ème dans le rang de l’Indice de Développement Humain (http://hdr.undp.org/en/statistics/). Ces quelques indicateurs témoignent du dynamisme et de la grande qualité de vie dans ce jeune pays. Dans cette partie, nous chercherons à démontrer par divers indicateurs la diversité économique au sein du pays. Les données ont été extraites des tableaux sommaires par province/territoire du site de Statistiques Canada (http://www.statcan.gc.ca/tables-tableaux/sum-som/l02/pro01/pro101-fra.htm).
Les régions physiographiques du Canada
Assez naturellement, les limites administratives (nationales, régionales, provinciales…) du monde concordent souvent avec des délimitations naturelles telles que les cours d’eau, les lacs, et les lignes de crête. Ceci se voit aussi au Canada, même si les recoupements entre régions administratives et naturelles sont rarement parfaits. Une région physiographique représente une région dans laquelle les différentes composantes naturelles tendent à une concordance pour créer un ensemble physiographique homogène. Deux facteurs dominent dans ce processus – la géologie et le climat. La structure géologique joue un rôle prépondérant dans la topographie et la lithologie forme le matériau sur lequel va agir le climat pour former les sols et les végétaux. Les mêmes régions connaissent aussi les mêmes processus géomorphologiques qui modèlent la surface. Contrairement aux autres parties de ce site, la description des régions physiographiques ne s’organise pas en fonction des limites administratives, ceci afin d’éviter des redondances dans le texte là où la même région physiographique serait présente dans différentes régions administratives.
La description des régions physiographiques est découpée en 4 sous-parties :
1- La géologie et le relief
2- Le climat
3- La végétation
4- Les sols
A l’intérieur de chaque sous-partie, une carte dynamique s’affichera qui vous permettra de faire apparaître le texte en cliquant sur une région à l’intérieur de la carte.
Le contenu de cette partie sur les régions physiographiques provient essentiellement de R.M. Bone (2002), The Regional Geography of Canada (2nde édition), Oxford University Press, ainsi que du site web de l’Atlas du Canada.
Les langues et religions au Canada
La diversité des langues et religions d’un pays reflète en partie sa diversité culturelle. Au niveau fédéral, le Canada possède deux langues officielles : le français et l’anglais. Cette dualité a souvent été interprétée comme une ligne de fracture entre les Québécois, d’une part, et le reste du Canada, « le Canada anglophone », d’autre part. En réalité, nous trouvons des francophones en-dehors du Québec, notamment au Nouveau-Brunswick (la seule province officiellement bilingue du pays), même si le Québec demeure la seule province presque entièrement francophone du pays. Avec l’arrivée ces dernières décennies d’immigrants non-européens, le nombre d’habitants dont la langue maternelle est ni l’anglais ni le français a très fortement augmenté.
Les nouveaux arrivants de l’Asie du Sud, la Chine et les autres pays non-européens ont aussi modifié la répartition religieuse du Canada. Cependant, la première communauté d’immigrants récents, les chinois, proviennent d’un pays historiquement communiste et donc ils n’ont qu’une faible appartenance religieuse. Les immigrants des pays Arabes (Musulmans) et de l’Asie du Sud (Musulmans, Sikhs, Hindous) s’identifient plus fortement avec leurs religions d’origines. Les religions autres que la chrétienté ne représentent jamais plus de 10% dans les provinces et territoires. La religion dominante de loin est celle des premiers européens, le christianisme. Les taux de Protestants, Catholiques et sans appartenance religieuse varient d’une province ou territoire à l’autre, mais partout la chrétienté est fortement dominante, y compris parmi les autochtones. La somme des religions autres que la religion chrétienne ne dépasse jamais les 10% de la population provinciale ou territoriale.