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14 - Francesco Guicciardini (1483-1540) : éléments...
L'art de gouverner à Florence (1494-1530)
Francesco Guicciardini (1483-1540): éléments de biographie.
15 - Francesco Guicciardini (1483-1540), Dialogo d...
"Temps de la fiction et temps de l'écriture"
Le temps de la fiction : le dialogue renvoie à la fin de l'année 1494 ; on ne peut réfléchir sur le meilleur des gouvernements pour la république florentine sans revenir au début du processus, en 1494.
A partir de 1494 rien ne sera plus comme avant : la qualità de tempi change radicalement et les vieilles solutions de la politique oligarchique communale ne sont plus efficaces. Entre 1521 et 1525, quand Francesco Guicciardini écrit son dialogue, le retour au lointain hiver 1494-1495 désigne le retour nécessaire à un moment historique qui constitue le socle du présent.
Le temps de l'écriture: le dialogue présente schématiquement trois états : un premier manuscrit autographe (désigné traditionnellement comme le manuscrit A), un manuscrit dicté à un secrétaire (mss B) portant lui-même des corrections de l’auteur (constituant la version C).
Les trois versions du proemio renvoient probablement à ces trois étapes.
Si la rédaction A du dialogue, nous l'avons dit, date de la seconde moitié de l'année 1521 (après la fin juillet, date à laquelle il est nommé commissaire général de l'armée, avant le 1er décembre date de la mort de Léon X), la rédaction B est probablement dictée, par l’auteur selon ses habitudes, entre mai 1524 (date de sa nomination comme gouverneur de Romagne) et janvier 1526 (date de son départ pour Rome où il va devenir un des plus proches conseillers du pape Clément VII), voire beaucoup plus tôt (Palmarocchi évoque juin 1525).
Quant aux interventions de l'auteur constituant la rédaction C, la troisième rédaction du proemio semble montrer qu'elles ont eu lieu avant la chute des Médicis en mai 1527.
Cette complexe construction du texte traduit le double enjeu de l'écriture : comment le dialogue réel (avec Machiavel et avec les autres réflexions sur la réforme des institutions républicaines) se fictionnalise et comment la fiction parvient à dire le réel. Bref, comment s'articulent la fonction politique de l'écriture et la littérarité de cette écriture politique.
17 - Francesco Guicciardini (1483-1540), Dialogo d...
"Une république tempérée"
Bernardo présente, dans le livre II, l'architecture des institutions à mettre en place et la meilleure façon de les faire vivre (et ici prend tout son sens le substantif de "vivere" comme forme de vie politique, régime en actes, incarnée dans une société déterminée).
Ce socle est fondé sur quelques convictions :
- la libertà est ancrée à Florence ;
- le peuple ne peut gouverner car il ne sait pas ;
- le poids du gouvernement repose toujours sur les épaules d’un petit nombre de sages ("sempre si regge in su la virtù di pochi" dit Soderini) ;
- cela ne signifie pas qu’il faille instaurer un gouvernement aristocratique au sens classique du terme ;
- tous les gouvernements ont des qualités et des défauts et il ne s’agit donc pas de déterminer le meilleur d’entre eux mais "el manco cattivo" comme le déclare Piero Guicciardini, à savoir notamment le gouvernement qui assure la sicurtà à la cité.
Bernardo va alors exposer les cadres principaux de ce gouvernement "manco cattivo". Le fondement principal et l'âme (p. 149) de ce gouvernement à la fois populaire et bien ordonnée sera le Grand Conseil.
Ce conseil permet d'incarner l'equalità à laquelle tiennent tant les Florentins - et qui représente le primo fondamento di conservare la libertà - sans entrer dans des débats infinis sur le domaine dans laquelle celle-ci doit se déployer. Mais ce n'est pas lui qui aura la charge d’élaborer les lois et d'en discuter (c'est la fonction des conseils restreints) : sa seule prérogative sera de les approuver. Une série de conseils restreints prendra garde notamment aux fonctions régaliennes majeures : le fisc, la justice, l'ordre public et la sécurité de l'Etat.
A l'instar du doge vénitien, un gonfalonier à vie pourra représenter la république en tant que proposto ou priore sans autorità particulière. La vraie autorità del governo devrait revenir à un sénat dont les membres sont nommés à vie et qui choisiraient dans leurs rangs les membres du conseil des Dix députés à la guerre.
La réflexion sur le sénat est décisive pour penser le nouveau groupe dirigeant, ses modalités de constitution et d’action. Le sénat accueille des hommes qui ont montré leur capacité par leur grado (c’est-à-dire pour l’essentiel leur naissance dans une des grandes familles) mais aussi par leur merito En définitive c'est un gouvernement temperato à la vénitienne qui est dessiné à grands traits par Bernardo.
16 - Francesco Guicciardini (1483-1540), Dialogo d...
"La nature des choses en vérité" Bernardo del Nero analyse, dans le débat avec les trois autres interlocuteurs, ce que l'on peut et doit déceler derrière les mots. Dans cette perspective, il commence par le socle de l'histoire républicaine : " il nome della libertà " (p. 65-66) puis la question de l'equalità (p. 71 sqq.).
La liberté ne sert parfois qu'à couvrir l'ambition comme le montre bien l'histoire florentine, et dissimule la nature des choses.
Elucider quelle est cette nature des choses, voilà le chemin que Bernardo entend parcourir dans le dialogue. Dans cette logique-là, le meilleur gouvernement est celui qui produit les meilleurs effets et peu importe son espèce .
C'est une des raisons pour lesquelles, selon Bernardo, la liberté et l'égalité ne signifient pas que tout le monde puisse avoir accès au gouvernement ni qu'une redistribution des richesses puisse être entreprise.Un gouvernement libre doit seulement assurer l'égalité de chacun devant la loi et s’assurer qu’aucun citoyen ne puisse en opprimer un autre.
D'où deux conclusions : d'une part, doivent avoir accès au gouvernement ceux qui le méritent, qui ont les compétences appropriées et qui retireront de leur activité de justes récompenses (premi) ; d'autre part, le discours de la réforme concerne le gouvernement pratique et les institutions mais pas l'organisation de la société ou l'économie des familles.
13 - Le rire politique de Machiavel, dans la Mandr...
Dans la Mandragola, les analyses politiques de Machiavel sont présentes et servent à provoquer le rire ; mais que dans les oeuvres au sens strict politiques (que l'on qualifie même parfois de théoriques) il y ait une indubitable composante comique, il est moins fréquent de l'entendre affirmer.
C'est cette double présence qui est mise en évidence ici, en un parcours où, de la Mandragola au Prince, se mêlent comique et sens tragique de l'histoire (on se souviendra que l'une des lettres adressées à Guicciardini, le 21 octobre 1525, est signée Niccolò Machiavelli, historico, comico et tragico).
La clé de lecture de ce nouage s'appuie sur un jugement éclairant de Francesco Guicciardini dont l'amitié avec Machiavel remonte à la beffa qu'ils montèrent ensemble aux dépens des frères mineurs réunis en chapitre à Carpi en 1521.
Alors que se prépare la guerre per la libertà d'Italia qui aboutira à la catastrophe du sac de Rome, Francesco Guicciardini écrit à Roberto Acciaiuoli : El Machiavello si truova qua : era venuto per riordinare questa militia, ma, veduta quanto la è corrotta, non confida haverne honoro. Starassi a ridere delli errori delli huomini, poi che non gli può correggere. [Ex castris. 18 Iulii 1526.]
C'est là définir avec acuité le rire politique de Machiavel, façon de lire l'histoire en rendant compte des défaites.
2 - Le laboratoire florentin - L'art de gouverner...
Ce cours et les deux suivants présentent les grandes lignes de l'histoire de Florence et les effets des guerres sur la cité (1494-1537) ; il s'agit de mettre en évidence ce que l'on peut nommer le « laboratoire florentin » dans lequel s'élaborent les textes de Savonarole, de Machiavel et de Francesco Guicciardini que nous allons étudier:
- A. La naissance du Grand Conseil : Florence, novembre-décembre 1494.
- B. 1494-1512 : le débat interne et l'institution du gonfaloniérat à vie (1502).
- C. 1512-1527 : la première restauration des Médicis.
- D. 1527-1530 : la seconde République du grand conseil.
- E. 1530-1537 : La restauration définitive des Médicis : Alessandro de Medici (1530-1537) ; élection de Cosimo I (1537).
3 - Le laboratoire florentin - 2ème partie - L'art...
Ce cours, à la suite du précédent, présente les grandes lignes de l'histoire de Florence et les effets des guerres sur la cité (1494-1537) ; il s'agit de mettre en évidence ce que l'on peut nommer le « laboratoire florentin » dans lequel s'élaborent les textes de Savonarole, de Machiavel et de Francesco Guicciardini que nous allons étudier.
Le plan de ces cours est strictement chronologique:
- A. La naissance du Grand Conseil : Florence, novembre-décembre 1494
- B. 1494-1512 : le débat interne et l'institution du gonfaloniérat à vie (1502)
- C. 1512-1527 : la première restauration des Médicis
- D. 1527-1530 : la seconde République du grand conseil
- E. 1530-1537 : La restauration définitive des Médicis : Alessandro de' Medici (1530-1537) ; élection de Cosimo I (1537).
4 - Le laboratoire florentin - 3ème partie - L'art...
Ce cours, à la suite des deux précédents, présente les grandes lignes de l'histoire de Florence et les effets des guerres sur la cité (1494-1537) ; il s'agit de mettre en évidence ce que l'on peut nommer le « laboratoire florentin » dans lequel s'élaborent les textes de Savonarole, de Machiavel et de Francesco Guicciardini que nous allons étudier:
- A. La naissance du Grand Conseil : Florence, novembre-décembre 1494;
- B. 1494-1512 : le débat interne et l'institution du gonfaloniérat à vie (1502);
- C. 1512-1527 : la première restauration des Médicis;
- D. 1527-1530 : la seconde République du grand conseil;
- E. 1530-1537 : La restauration définitive des Médicis : Alessandro de Medici (1530-1537) ; élection de Cosimo I (1537).
Le prince de Machiavel - Il principe di Niccollò M...
Il s'agit, en plus de l'initiation à la pensée de Machiavel, de mettre en évidence une approche des textes dans une conjoncture (ce que Machiavel nomme la qualità dei tempi, la qualité des temps). Il est donc question d'initier les auditeurs à une lecture des textes liée aux enjeux historiques qui déterminent et donnent sens à leur écriture : philologie et historicisation sont au c½ur de cette démarche. Une telle approche peut selon nous fournir des éléments de connaissance sur Machiavel et son époque et permettre une initiation à la méthodologie de l'approche critique des textes nécessaires aux étudiants qui terminent leur licence en études italiennes, en philosophie ou en science politique. Les fondements théoriques de cette approche s'appuient sur les travaux de « traduction critique » de Fournel et Zancarini et du groupe des italianistes de l'UMR Triangle, CNRS, ENS LSH, IEP de Lyon, université Lumière Lyon 2 (Savonarole, Francesco Guicciardini, Machiavel), sur l'ouvrage de Fournel et Zancarini.